mardi 30 août 2022

« LA MADAME », ou Much ado about nothing…

On me pardonnera de citer Shakespeare en titre de texte, mais sa courte phrase dit tout. Le pseudo faux-pas de François Legault, qui a parlé de la « madame » au lieu de nommer Dominique Anglade, n’est rien. Oh ! Bien des bas de nylon se sont déchirés, bien de petites culottes se sont tordues, mais pour reprendre Shakespeare en bon Québécois, « il n’y a rien là ».

Je regarde se dérouler des élections générales québécoises depuis 1956. Il y a certes celle de 1952, mais j’avais huit ans et je ne peux prétendre m’en rappeler vraiment. Mais en 1956, la dernière gagnée par Maurice Duplessis et l’Union nationale, je me rappelle bien que malgré la domination de l’UN, la campagne fut féroce. Puis il y a eu 1960 et l’arrivée de Jean Lesage au pouvoir ; 1962 et la nationalisation de l’électricité ; 1966 et la surprise du retour de l’UN au pouvoir.

En 1970, Robert Bourassa gagne l’élection pour le Parti libéral du Québec (PLQ) et le PQ apparaît dans le tableau avec sept députés. En 1973, Bourassa remporte une victoire encore plus convaincante avec 102 députés élus. Le PQ recule de sept à six députés.

Si je compte bien, là, je suis rendu à six élections dont j’ai passionnément suivi le déroulement, de 1956 à 1963.

Puis arrive 1976, où le PQ, au grand désespoir du Canada-Anglais, prend solidement le pouvoir. Malgré son échec référendaire de 1980, le parti de René Lévesque gagne les élections de 1981. En 1985, l’UN étant disparue du paysage politique, Robert Bourassa et le PLQ remportent la victoire, succès qu’ils renouvelleront en 1989. Mais en 1994, c’est le PQ de Jacques Parizeau qui remporte l’élection générale. Malgré une seconde défaite référendaire en 15 ans, le PQ est réélu en 1998, alors qu’il est dirigé par Lucien Bouchard.

J’en suis donc, à ce point dans le temps, à douze élections. Continuons.

En 2003, le PQ dirigé par Bernard Landry, perd aux mains de Jean Charest et du PLQ. En 2007, Jean Charest est réélu, mais minoritaire, et l’ADQ de Mario Dumont devient provisoirement l’Opposition officielle à l’Assemblée nationale. En 2008, Une autre élection reporte Jean Charest au pouvoir et le PQ redevient l’Opposition officielle, l’ADQ s’étant effondrée pendant cette joute électorale.

Me voilà rendu à quinze élections, depuis 1956. Ça commence à faire beaucoup.

En 2012, Jean Charest et le PLQ sont relégués au statut d’Opposition officielle alors que le PQ prend le pouvoir, mais de façon minoritaire. Pauline Marois échappe de peu à un attentat à sa vie. Mme Marois déclenche une élection-surprise en 2014, mais le PQ et elle-même dans son comté sont défaits : Philippe Couillard et le PLQ retournent au pouvoir. En 2018, le PLQ est littéralement chassé du pouvoir par la Coalition Avenir Québec (CAQ), parti fondé en 2011 par François Legault et Charles Sirois. M. Legault devient premier ministre. Enfin, cette année en 2022, nous voilà encore en campagne électorale.

Si je ne me suis pas mêlé, c’est donc la 19ème campagne électorale provinciale à laquelle j’assiste maintenant. 

Évidemment, comme tout le monde, j’en ai entendu des promesses électorales, des engagements de toutes sortes au fil des élections. Ce qui fait qu’aujourd’hui, tout ce que les candidats en lice lancent dans l’air du temps pour ramasser quelques votes par ci, quelques votes par là me coule sur le dos comme de l’eau sur le dos d’un canard.

Alors vous comprendrez que l’utilisation par François Legault du mot « madame » dimanche, ça ne me fait pas un pli sur la différence. Entre la « madame » et l’inflation ou la crise du logement, disons que j’ai appris, avec le temps, à donner de l’importance aux vrais enjeux.

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