samedi 28 septembre 2019

MON PETIT GESTE…

J’ai beaucoup lu ce matin sur la grande marche pour la défense de la terre qui a eu lieu hier à Montréal et dans d’autres villes du Québec et du Canada. J’ai suivi avec intérêt la démarche inusitée de la jeune suédoise Greta Thunberg qui l’a amenée jusqu’à l’ONU. Du haut de mes soixante-quinze ans, je ne regarde pas tout cela avec désintérêt ou de haut. Le sort de notre planète me préoccupe et m’inquiète tout autant, je crois, que les plus jeunes que moi. Mais fort d’une longue expérience de la vie et de l’observation du monde politique, la seule interrogation qui me vient à l’esprit est : et après ?

Que se passera-t-il après cette immense manifestation de solidarité au nom de notre planète ? Au-delà des déclarations un peu lénifiantes de nos décideurs politiques, que feront-ils et elles vraiment pour réduire, sinon éliminer le plus complètement possible notre empreinte carbone sur notre environnement ? Pourquoi ai-je des doutes ?

Dans La Presse de ce matin, le chroniqueur Francis Vaille pose les vraies questions à ce sujet. Il écrit :

« Pour en venir à bout, la bonne volonté, les publicités et les mesures incitatives ne seront pas suffisantes. Pour en venir à bout, il faut interdire ou pénaliser fortement la surutilisation du carbone. Il faut taxer fortement les stationnements et l’entrée au centre-ville de Montréal. Il faut imposer de lourdes amendes aux automobilistes qui laissent tourner inutilement leur moteur. Il faut taxer les vols aériens vers Cuba et ailleurs, puisque les voyageurs ne choisissent pas par eux-mêmes de compenser leurs émissions de carbone (en achetant des arbres, par exemple). Il faut forcer la fermeture des centrales au charbon. Il faut punir les entreprises qui n’atteignent pas leurs quotas d’émission. Il faut fixer des échéances précises aux entreprises de transport pour la conversion de leurs véhicules à l’électricité. Il faut imposer aux régions de développer un urbanisme qui défavorise l’étalement urbain. Il faut faire une croix sur le développement d’un troisième lien à Québec. Il faut imposer une réduction du coût des transports en commun et augmenter les services. »

Bien sûr, il a raison. Mais qui, parmi nous, croira que cela se fera réellement et surtout, rapidement ? En tout cas, pas moi.

Fantaisie personnelle

Dans un roman que j’ai écrit récemment mais qui n’est pas encore publié, j’ai imaginé une action mondiale contre l’augmentation globale de la température de la terre et les dérèglements grave du climat. Bien sûr, c’est le pur fruit de mon imagination mais lisez ce que j’ai rédigé :
« En 2027, à la suite de conférences secrètes, l'ensemble des gouvernements du monde, sous l'égide des Nations-Unis annoncèrent le même jour des mesures extrêmement sévères destinées clairement non seulement à réduire l'augmentation du parc automobile, mais aussi et surtout à diminuer le nombre absolu de véhicules sur des avenues, routes et autoroutes qui ne pouvaient plus en recevoir davantage. D'abord, toutes les villes de plus d’un million d’habitants dans le monde durent instaurer des péages coûteux et dissuasifs sur toutes les routes, autoroutes, ponts ou tunnels qui leur donnaient accès. Ces péages ne s'appliquaient pas aux transports en commun et aux véhicules personnels transportant au moins trois adultes. Puis, les gouvernements légiférèrent afin qu'aucune adresse résidentielle ne puisse dorénavant compter plus d'une voiture immatriculée. Pendant la période de transition allouée pour que les citoyens s'adaptent à cette nouvelle réalité en se défaisant de leur seconde ou même troisième voiture, de lourdes taxes furent imposées sur les seconds ou troisièmes véhicules.

Le prix de l'essence fut rapidement multiplié par dix. Un litre d'essence dépassait maintenant les quinze dollars au Canada. Aux États-Unis, le gallon d'essence coûtait autour de cinquante dollars. Rapidement, les banlieues les plus éloignées des villes-centres furent désertées. Il y eut une autre mesure que les gouvernements du monde adoptèrent, malgré les féroces protestations des milieux d'affaires. Dorénavant, les nouveaux modèles annuels de voitures ou de camions n'existeraient plus. Les manufacturiers ne pourraient apporter de changements à leurs modèles qu'à tous les trois ans. Cela signifiait que tout modèle demeurerait 'neuf' et en vente pendant trois ans. Pour que la mesure soit équitable pour tous les manufacturiers, les gouvernements décrétèrent ensemble l'année où commencerait ce cycle triennal. Partout dans le monde, des manifestations de toutes sortes et même des émeutes se produisirent, mais rien n'y fit : les villes, où demeurait maintenant la très grande majorité de la population mondiale sur les cinq continents, étouffaient. Il fallait faire quelque chose de draconien pour y remédier. D'autres décisions gouvernementales limitèrent sévèrement les cylindrées pour les moteurs à combustion.

Enfin, pour frapper davantage l'imagination collective, d'un commun accord, les dirigeants de tous les pays mirent une fin définitive et sans appel aux courses d'automobiles mues à l'essence, notamment la F1. Les courses de véhicules électriques seraient tolérées. Dans de nombreuses villes surtout nord-américaines, comme à Québec, des animateurs de radio adeptes de la culture 'du char' à tout prix furent fermement réduits au silence et écartés de leurs micros. Aucun lobby ne put faire renverser ces décisions radicales. La planète essayait simplement de ne pas mourir. Toutefois, les assauts d’un climat global déréglé et d'autres événements cataclysmiques allaient rendre beaucoup de ces mesures caduques avant même qu'elles ne soient toutes implantées. »

(Extrait du roman Le Domaine perdu, de Michel Héroux et non publié)


Évidemment, tout ça, c’est purement imaginaire, donc peu sérieux. Mais quand j’ai lu la chronique de Francis Vaille, j’ai réalisé que le fruit de mon imagination repose sur des évidences.


L’auto individuelle, dans les villes, tue les villes et augmente les émissions de carbone. La mondialisation du commerce et des théories comme le ‘juste à temps’ ont considérablement accru la circulation des camions tant sur les routes que dans les villes où ils contribuent à une congestion devenue la norme plutôt que l’exception.
L’industrie du tourisme de masse tout comme l’incessante propagande publicitaire des fabricants d’autos et de camions, notamment les gros VUS, apportent une contribution directe à la dégradation de l’atmosphère de notre planète, de l'air qu'on respire. Et je n’ai pas parlé de l’utilisation du plastique. Je me scandalise de voir, à l’épicerie, des paquets de bouteilles d’eau en plastique emballées par une solide pellicule de plastique évidemment non biodégradable… Les exemples de ce type de situation de de comportement sont légion.

Mon petit geste
Alors, moi, simple citoyen, que puis-je faire ? Je ne suis pas allé marcher dans les rues de Montréal. Je n’en aurais eu ni la force, ni l’énergie. J’ai plutôt accompagné mon épouse à un important rendez-vous médical qu’elle attendait depuis un bon moment, et qui a gobé tout l’avant-midi hier. Mais, avec mon épouse, j’ai fait mon petit geste. Celle-ci avait un cellulaire dont elle ne se sert plus. On a décidé de s’en passer (et d’économiser presque 40$ par mois ce faisant). On ne s'en servait tout simplement plus. J'irai donc porter ce ‘serpuarien’ dans un centre de récupération.

C’est ça, un de mes petits gestes. Ce n’est pas spectaculaire ou sensationnel, mais pour moi comme pour l’humanité, c’est un pas.

Image : Amnistie internationale

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