dimanche 27 mars 2016

QU'EST DONC LE SILENCE DEVENU ?

Le silence n'est plus. La Révolution industrielle, l'invention du moteur à combustion interne, la radio, la télévision, la musique pop et rock, tout maintenant se ligue pour éradiquer le silence. Il n'y a plus de silence. Les endroits de silence, de vrai silence, sont devenus rarissimes dans le milieu urbain et péri urbain où la majorité des gens vit aujourd'hui.

Tout concourt au bruit ambiant, et personne n'y fait plus attention. La hasard et mes gènes font que je fréquente souvent, trop souvent l'hôpital. Je ne le nommerai pas: ils sont tous semblables, à cet égard. Il n'y a pas de chariot ou de civière qui ne bruisse ou ne grince. Les employés, médicaux ou non, parlent fort.

On a semé l'horrible, l'affreuse télévision dans tous les recoins et qui montre jour après jour, heure après heure, les mêmes inepties que des gens regardent néanmoins. J'écris « des gens », car ce ne sont pas tous les gens qui la regardent. Une bonne proportion, dont je fais partie, subit en silence (!) cette intrusion, cette agression visuelle et sonore insipide.
Je me suis enquis au sujet de la prolifération de cette « boîte stupide » (comme l'appellent les Britanniques), la télévision partout dans les salles d'attente de l'établissement. Il paraît que c'est pour réduire le niveau de stress de la majorité des personnes, patients ou visiteurs, présentes à l'hôpital. Voilà la dictature de la majorité stressée...

À l'extérieur, ce n'est guère mieux. Le bruit de la circulation, les klaxons, les pétarades des motos en été, le bruit de la machinerie lourde dans les chantiers routiers et autres omniprésents, les tondeuses à gazon, les souffleuses de la même pelouse, les marteaux à air comprimé, tout cela crée une cacophonie envahissante.
En hiver, nous payons cher les rares moments de silence des petits matins neigeux : le déneigement repose sur les souffleuses à neige individuelles et sur la machinerie lourde des autorités municipales génératrices de décibels assourdissants. Et en milieu rural, les "4X4", motoneiges et autres engins à moteur terrestres et nautiques brisent la quiétude environnante hiver comme été, comme si générer le bruit démontrait que l'on vit.

Évidemment, on ne reviendra en arrière. Mais l'humain a besoin de moments de silence. Pour se retrouver, pour réfléchir, pour se calmer, pour réduire son niveau de stress, pour contempler autre chose qu'un écran.
Aménager des lieux et des moments de silence malgré l'agression de bruit ambiante devient de plus un sine qua non d'équilibre pour chacun. Le défi est personnel et il sera d'autant plus difficile à relever que presque tout, dans notre société de consommation, veut nous éloigner du silence. Car le silence ne vend rien, sinon un peu de bonheur.

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