vendredi 12 mars 2021

LE REM ET LES GARES À MONTRÉAL

Les travaux de construction et de la mise en service du REM (Réseau électrique métropolitain) à Montréal vont bon train, sans jeu de mots. En bien des endroits, ils font toutefois grincer des dents pour diverses raisons : bruit, encombrements à la circulation, mise hors service du tunnel du Mont-Royal pour au moins deux ans, impacts nocifs sur les trains de banlieues existants, etc.

Voilà, de plus, que nos autorités ont annoncé un « nouveau » REM, une Phase 2, qui se rendra vers Montréal-Nord et vers Pointe-aux-Trembles. Ce REM2, succédané de la ligne rose si chère à Valérie Plante, devrait sortir de terre au centre-ville sur le boulevard René-Lévesque pour se diriger en mode aérien vers l'est empruntant, outre René-Lévesque, la rue Notre Dame jusqu’à Dixon (Lacordaire) où la ligne se scindera en deux destinations, le cégep Marie-Victorin à Montréal-Nord, et Pointe-aux-Trembles, dans l’extrême-est de la métropole.

Comprenez-moi bien : tout le monde est en faveur de la construction du REM, notamment de sa première phase au coût de six milliards et demi fournis par la Caisse de dépôt et placement du Québec, et même du second projet évalué à dix milliards. Indubitablement, personne ne veut vraiment de pépine dans sa cour. Ça, ce n’est pas nouveau.  Comme disait la chanson de Petula Clark, tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir…

Tous les trains du REM, à compter de 2023 et pour le REM2 du Nord-Est à compter de 2029, passeront donc par la Gare centrale de Montréal. C’est pour cela que le tunnel du Mont-Royal est fermé depuis 2020. Le tunnel du Mont-Royal deviendra, au terme des travaux, l’épine dorsale du réseau du REM. Je pourrais ajouter que la Gare centrale sera la moelle épinière de cette épine dorsale.

Une seule gare, est-ce suffisant ?

Question d’un simple amateur comme moi : est-ce que la Gare centrale de Montréal va suffire à la tâche ? Déjà, la gare dessert les trains de Via rail, d’Amtrack, les trains de banlieues de Deux-Montagnes, St-Hilaire, et de Mascouche. 

Pour des raisons un peu nébuleuses, le train de banlieue de Mascouche ne se rendra plus à la Gare centrale après la mise en service du REM et ses usagers devront descendre et prendre le REM pour se rendre à la Gare centrale. Délai et inconvénient.

Les trains du REM seront automatisés : pas de conducteurs. C’est faire beaucoup confiance aux nouvelles technologies de l’information et la Gare centrale risque fort de connaître de la congestion ferroviaire. Pour y entrer venant de la Rive-Sud, seulement six voies sont disponibles.

Une deuxième gare ferroviaire à Montréal ?

Depuis le lancement du REM, il y a une évidence qui devrait nous préoccuper. À Montréal, il n'y a qu'une seule gare ferroviaire pour les voyageurs, soit la Gare centrale. En plus des réseaux de transport ferroviaire de passagers existants, voilà qu'on va y ajouter le REM avec des trains aux deux minutes et demie en périodes de pointe.

Pas besoin d’être un devin pour voir que la Gare centrale ne suffira probablement pas à la tâche et qu’éventuellement elle deviendra un sérieux nœud  d'engorgement lorsque tous les projets seront terminés. Un simple bris mécanique et la gare sera vite encombrée. Le débat au sujet de la portion aérienne du REM 2e phase sur René-Lévesque sous prétexte de l’impossibilité de creuser davantage le sous-sol de Montréal au centre-ville vient déjà illustrer à sa façon ce problème.

Il est probablement temps de penser à créer une nouvelle gare ferroviaire de passagers, et peut-être même deux gares. La gare Windsor, merci aux Centre Bell, n'est plus vraiment une gare. La gare Bonaventure n'est plus une gare non plus. Il serait illusoire de croire que ces anciennes gares pourraient reprendre du service.  Nos décideurs devraient donc se pencher sérieusement sur une carte à grande échelle du centre-ville et du port de Montréal. Peut-être y découvriraient-ils un endroit où implanter une nouvelle gare.

Ainsi, en songeant à utiliser le port, est-ce pensable de faire passer le REM Phase 2 par là au lieu du boulevard René-Lévesque en mode aérien ? Je risque une idée : faire passer le REM Phase 2 de la Gare centrale vers la Cité du Havre, puis lui faire emprunter le Pont de la Concorde jusqu’à l’île Sainte-Hélène, puis le pont Jacques-Cartier et ensuite la rue Notre-Dame vers l’est suivant le trajet prévu. Cette solution éviterait le REM2 en aérien au centre-ville.

Alors que le rail reprend du poil de la bête (et c'est tant mieux), il me semble qu'il faut penser en dehors des boîtes conventionnelles, notamment chez les bureaucrates et politiciens de toutes sortes qui planchent sur ces projets.

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Image : Internet