lundi 15 décembre 2014

ARRÊTER DE RECULER

Les annonces du gouvernement Couillard pour équilibrer le budget du Québec sont nombreuses. Plusieurs de ces annonces, pour ne pas dire toutes, sont contestées par tous les lobbys concernés, dont plusieurs, soit dit en passant, doivent leur existence à une subvention du gouvernement.

Le vendredi 12 décembre dernier, « la nouvelle voulant le gouvernement de Philippe Couillard retranche les 130 000$ de subventions allouées aux Publications BLD, qui sont derrière Les débrouillards, Les explorateurs et Curium, a créé une onde de choc », nous dit La Presse[1]. « L'éditeur des trois publications, Félix Maltais, dénonçait une «attaque de la culture scientifique». Pour protéger les magazines scientifiques et pour dénoncer la mise à mort de l'ASP, les mots-clics #Sauvons ASP et #SansLesDébrouillards ont été créés. Les chroniques, les pétitions et les sorties en règle contre la décision du gouvernement se sont accumulées.»
Résultat ? Deux jours plus tard, le 14 décembre, le gouvernement Couillard fait marche arrière et annonce que la subvention sera maintenue.

Je suis bien heureux pour les petits scientifiques. Je le suis moins pour le Québec. Si ce gouvernement, après 24 heures de pleurnichages sur une subvention de 130 000 $, change d'idée et renonce à cette épargne, qu'est-ce que ce sera lorsque que des sommes autrement considérables, de l'ordre de millions et de dizaines de millions de dollars, seront en jeu ? La dernière volte-face gouvernementale me laisse plus que songeur. Cela n'augure rien de bon pour l'avenir.
Déjà, par exemple, il semble que les festivités de la Saint-Jean-Baptiste (aussi appelées la Fête nationale) seront un peu moins financées en… 2016. Je suis sûr que dans les officines des mouvements nationalistes, on prépare déjà des campagnes de dénigrement de ce gouvernement, de contestation de cette réduction anticipée du financement du party bleu et blanc annuel. Si le gouvernement Couillard a reculé devant un petit peu d'agitation autour de l'éveil à la science des enfants, que fera-t-il devant les accusations de crime de lèse-majesté de la nation québécoise qu'on ne manquera pas de lui lancer au visage avec trémolos dans la voix  ?

Ma crainte, c'est que ce gouvernement, à coup d'avancées et de reculs, ne finisse que par faire du 'sur place' et ne parvienne pas à s'attaquer aux problèmes structurels du budget du Québec. Nous avons accumulé une dette collective de 275 milliards $.

Remarquez que nous aurions reporté Madame Marois au pouvoir de façon majoritaire, nous ferions face exactement au même problème, et que le gouvernement réélu devrait suivre à peu près le même chemin que celui que tente de suivre le gouvernement Couillard aujourd'hui. La dette, notre dette distincte à nous, Québécois, n'a pas de couleur partisane.
Le gouvernement du Québec, peu importe sa couleur, doit se tenir debout et arrêter de reculer.

 

vendredi 5 décembre 2014

PROPOS D'UN IGNORANT

Je reviens, en toute ignorance de cause, sur le projet gouvernemental de fusionner des commissions scolaires à la grandeur du territoire québécois. J'ai beau retourner cette question dans ma tête comme une crêpe dans la poêle, je n'arrive pas à voir comment ce genre d'amalgamation pourra susciter des économies d'échelle, ou encore une meilleure organisation de l'instruction publique chez nous.

Les économies...
Le gouvernement invoque les économies à venir de la fusion des administrations des commissions scolaires fusionnées. Quelles économies ? Toutes les fonctions que remplit au jour le jour une commission scolaire devront continuer à être remplies. On a beau dire "faire plus avec moins", il y a des limites à cet élastique.

Les fonctions remplies par les commissions scolaires sont évidentes : embauche et rémunération des employés, y inclus les enseignants; organisation du transport scolaire, gestion des remplacements de personnel (souvent le matin même); détermination l'ouverture ou de la fermeture des écoles en contexte de tempêtes hivernales; construction et entretien des bâtiments scolaires, gestion prudente des budgets pour mener toutes ces activités, nomination des directions d'école, etc.
Les fusions des commissions scolaires ne feront pas disparaître ces tâches, et celles-ci ne diminueront pas par l'opération "fusion". La très grande partie des personnes qui remplissent ces tâches sont syndiquées, et ces gens travaillent fort pour que nos écoles primaires et secondaires fonctionnent le mieux possible pour instruire et éduquer nos enfants.

Où sont les économies ? Elles ne sont nulle part. De plus, en grossissant l'administration des commissions scolaires fusionnées, le coût global de l'enseignement primaire et secondaire sera très vraisemblablement plus élevé. Que ceux qui en doutent examinent attentivement la progression des dépenses des villes fusionnées en 2001. On attend toujours les fameuses économies d'échelle.

Une meilleure organisation de l'instruction publique...
En principe, si on se fie à la propagande gouvernementale, cette opération de fusion des commissions scolaires devra permettre une meilleure organisation de l'instruction publique, mais ne touchera pas les services aux élèves. Excusez mon ignorance crasse, mais si cette opération "fusion" ne touche pas aux services aux élèves, but premier de l'existence du système d'éducation, comment peut-elle permettre "une meilleure organisation de l'instruction publique" ?

On nage en plein Kafka, ici. C'est le triomphe de la pensée absurde. Si on ne touche pas aux services rendus aux élèves, on ne touche donc pas au ratio élèves / enseignants, on ne modifiera pas les régimes pédagogiques, on va continuer à embaucher des enseignants bien formés pour remplacer ceux et celles qui partent à la retraite, etc.
Vous dites "une meilleure organisation" ? Vraiment ? Le fardeau de la preuve repose sur les épaules des bureaucrates et des politiciens qui ont mis de l'avant cette idée archi-usée de "fusionner" pour mieux organiser. Les fusions vont créer plus d'administrations alourdies au sein des commissions scolaires restantes. Qui dit plus d'administration dit en même temps une organisation de l'éducation plus lourde, donc moins bonne.

Les deux arguments, économies et organisation, sont des vues de l'esprit qui ne reposent sur rien dans la réalité quotidienne de l'enseignement primaire et secondaire au Québec.
La seule vraie économie consisterait à congédier sans autre forme de procès les promoteurs de ces fusions. L'État épargnerait au moins leurs salaires. Une meilleure organisation ne peut reposer que sur moins d'administration, et non pas sur des administrations engraissées et alourdies.

Il est encore temps de mettre fin à cette folie passagère des fusions des commissions scolaires que personne ne demande ni n'a demandé.

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