lundi 15 décembre 2014

ARRÊTER DE RECULER

Les annonces du gouvernement Couillard pour équilibrer le budget du Québec sont nombreuses. Plusieurs de ces annonces, pour ne pas dire toutes, sont contestées par tous les lobbys concernés, dont plusieurs, soit dit en passant, doivent leur existence à une subvention du gouvernement.

Le vendredi 12 décembre dernier, « la nouvelle voulant le gouvernement de Philippe Couillard retranche les 130 000$ de subventions allouées aux Publications BLD, qui sont derrière Les débrouillards, Les explorateurs et Curium, a créé une onde de choc », nous dit La Presse[1]. « L'éditeur des trois publications, Félix Maltais, dénonçait une «attaque de la culture scientifique». Pour protéger les magazines scientifiques et pour dénoncer la mise à mort de l'ASP, les mots-clics #Sauvons ASP et #SansLesDébrouillards ont été créés. Les chroniques, les pétitions et les sorties en règle contre la décision du gouvernement se sont accumulées.»
Résultat ? Deux jours plus tard, le 14 décembre, le gouvernement Couillard fait marche arrière et annonce que la subvention sera maintenue.

Je suis bien heureux pour les petits scientifiques. Je le suis moins pour le Québec. Si ce gouvernement, après 24 heures de pleurnichages sur une subvention de 130 000 $, change d'idée et renonce à cette épargne, qu'est-ce que ce sera lorsque que des sommes autrement considérables, de l'ordre de millions et de dizaines de millions de dollars, seront en jeu ? La dernière volte-face gouvernementale me laisse plus que songeur. Cela n'augure rien de bon pour l'avenir.
Déjà, par exemple, il semble que les festivités de la Saint-Jean-Baptiste (aussi appelées la Fête nationale) seront un peu moins financées en… 2016. Je suis sûr que dans les officines des mouvements nationalistes, on prépare déjà des campagnes de dénigrement de ce gouvernement, de contestation de cette réduction anticipée du financement du party bleu et blanc annuel. Si le gouvernement Couillard a reculé devant un petit peu d'agitation autour de l'éveil à la science des enfants, que fera-t-il devant les accusations de crime de lèse-majesté de la nation québécoise qu'on ne manquera pas de lui lancer au visage avec trémolos dans la voix  ?

Ma crainte, c'est que ce gouvernement, à coup d'avancées et de reculs, ne finisse que par faire du 'sur place' et ne parvienne pas à s'attaquer aux problèmes structurels du budget du Québec. Nous avons accumulé une dette collective de 275 milliards $.

Remarquez que nous aurions reporté Madame Marois au pouvoir de façon majoritaire, nous ferions face exactement au même problème, et que le gouvernement réélu devrait suivre à peu près le même chemin que celui que tente de suivre le gouvernement Couillard aujourd'hui. La dette, notre dette distincte à nous, Québécois, n'a pas de couleur partisane.
Le gouvernement du Québec, peu importe sa couleur, doit se tenir debout et arrêter de reculer.

 

vendredi 5 décembre 2014

PROPOS D'UN IGNORANT

Je reviens, en toute ignorance de cause, sur le projet gouvernemental de fusionner des commissions scolaires à la grandeur du territoire québécois. J'ai beau retourner cette question dans ma tête comme une crêpe dans la poêle, je n'arrive pas à voir comment ce genre d'amalgamation pourra susciter des économies d'échelle, ou encore une meilleure organisation de l'instruction publique chez nous.

Les économies...
Le gouvernement invoque les économies à venir de la fusion des administrations des commissions scolaires fusionnées. Quelles économies ? Toutes les fonctions que remplit au jour le jour une commission scolaire devront continuer à être remplies. On a beau dire "faire plus avec moins", il y a des limites à cet élastique.

Les fonctions remplies par les commissions scolaires sont évidentes : embauche et rémunération des employés, y inclus les enseignants; organisation du transport scolaire, gestion des remplacements de personnel (souvent le matin même); détermination l'ouverture ou de la fermeture des écoles en contexte de tempêtes hivernales; construction et entretien des bâtiments scolaires, gestion prudente des budgets pour mener toutes ces activités, nomination des directions d'école, etc.
Les fusions des commissions scolaires ne feront pas disparaître ces tâches, et celles-ci ne diminueront pas par l'opération "fusion". La très grande partie des personnes qui remplissent ces tâches sont syndiquées, et ces gens travaillent fort pour que nos écoles primaires et secondaires fonctionnent le mieux possible pour instruire et éduquer nos enfants.

Où sont les économies ? Elles ne sont nulle part. De plus, en grossissant l'administration des commissions scolaires fusionnées, le coût global de l'enseignement primaire et secondaire sera très vraisemblablement plus élevé. Que ceux qui en doutent examinent attentivement la progression des dépenses des villes fusionnées en 2001. On attend toujours les fameuses économies d'échelle.

Une meilleure organisation de l'instruction publique...
En principe, si on se fie à la propagande gouvernementale, cette opération de fusion des commissions scolaires devra permettre une meilleure organisation de l'instruction publique, mais ne touchera pas les services aux élèves. Excusez mon ignorance crasse, mais si cette opération "fusion" ne touche pas aux services aux élèves, but premier de l'existence du système d'éducation, comment peut-elle permettre "une meilleure organisation de l'instruction publique" ?

On nage en plein Kafka, ici. C'est le triomphe de la pensée absurde. Si on ne touche pas aux services rendus aux élèves, on ne touche donc pas au ratio élèves / enseignants, on ne modifiera pas les régimes pédagogiques, on va continuer à embaucher des enseignants bien formés pour remplacer ceux et celles qui partent à la retraite, etc.
Vous dites "une meilleure organisation" ? Vraiment ? Le fardeau de la preuve repose sur les épaules des bureaucrates et des politiciens qui ont mis de l'avant cette idée archi-usée de "fusionner" pour mieux organiser. Les fusions vont créer plus d'administrations alourdies au sein des commissions scolaires restantes. Qui dit plus d'administration dit en même temps une organisation de l'éducation plus lourde, donc moins bonne.

Les deux arguments, économies et organisation, sont des vues de l'esprit qui ne reposent sur rien dans la réalité quotidienne de l'enseignement primaire et secondaire au Québec.
La seule vraie économie consisterait à congédier sans autre forme de procès les promoteurs de ces fusions. L'État épargnerait au moins leurs salaires. Une meilleure organisation ne peut reposer que sur moins d'administration, et non pas sur des administrations engraissées et alourdies.

Il est encore temps de mettre fin à cette folie passagère des fusions des commissions scolaires que personne ne demande ni n'a demandé.

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dimanche 9 novembre 2014

LE PROJET DE LOI 10, DU DÉJÀ VU

Avec mes collègues Denys Larose et Jean-Noël Tremblay, nous avons produit un texte qui paraît ce matin dans Le Soleil de Québec. Voici ce texte.


Plus ça change, plus c’est ressemblant

Par Michel Héroux, Denys Larose et Jean-Noël Tremblay[1]

Le bon sens voudrait d’abord qu’il faille s’interroger  sur ce qui n’a pas marché avec les réformes mise en place par le Ministère de la santé depuis la création des Conseils régionaux de la santé et des services sociaux (CRSSS) en 1971 et la création des premiers CLSC en 1972. Dans les faits, le réseau vit depuis en «crise administrative» chronique.

Dès le début des années 80, les problèmes auxquels veut s’attaquer le Ministre Barrette étaient en émergence : les coûts en santé dépassent largement les prévisions, les CLSC ne remplissent pas leur rôle de première ligne, les urgences débordent, les déficits hospitaliers se succèdent, l’accessibilité aux services, notamment à un médecin de famille, demeure un objectif lointain. De 1995 à 2000, le ministère avait pourtant procédé à des changements importants de structure : fusions, fermetures et changements de vocation de centres hospitaliers, fusions de CLSC avec des CHSLD et rondes de négociation pour adapter les mesures de sécurité d’emploi.

Puis voilà que la mise en place en 2004 des 18 agences de santé et l’implantation des 118 CSSS à travers la province, avec tous les bouleversements et les coûts que cela a engendrés, ne seraient plus la solution!  Pourtant, le ministre de la santé de l’époque, le Dr Philippe Couillard, présentait, lui aussi, sa réforme comme la solution aux problèmes de gestion du réseau de la santé. Sa réforme débouchait elle aussi sur la création d’une nouvelle configuration bureaucratique laquelle poursuivait somme toute les mêmes objectifs  que ceux annoncés dans le projet du ministre actuel : efficacité et efficience administratives afin de rapprocher les services à la population, rendre les services plus accessibles, plus coordonnés et continus, etc.


Joue-t-on aux apprentis sorciers?

Le projet de loi 10 présenté par le ministre de la santé et des services sociaux, le Dr Gaétan Barrette suscite de fort légitimes inquiétudes.  Dans le domaine de la santé, il y a déjà eu trop d’apprentis sorciers qui ont joué à «ceux qui savent», provoquant des changements dont vraisemblablement ils ne pouvaient évaluer les conséquences. Le ministre se présente lui aussi comme un « leader héroïque», selon le mot de Mintzberg[2], celui qui vient sauver la situation. Pour l’apprenti sorcier, il n’y a pas d’enseignements à tirer du passé, il se voit comme le porteur incontestable des solutions d’avenir.

En fait, quel bilan a-t-on fait de toutes ces réformes passées? Quelles leçons ou recommandations a-t-on retenus des études et nombreuses commissions qui se sont penchées sur le système de santé au Québec ? En quoi le projet de loi 10 reprend-il ces analyses et les expériences passées dans le réseau en proposant  la présente réforme ? Attention de ne pas être totalement fasciné, comme le serpent fascine l’oiseau, par la seule idée que cette réforme, du simple fait de l’abolition des Agences régionales et la création d’autant de Centres intégrés de santé et services sociaux, les CISS, serait la solution à tous les maux qui affligent notre système de santé.  Ce serait une grave erreur !


Gouverner n’est pas gérer

Jean-Marie Domenach disait : « La bureaucratie n’est pas le contraire de la démocratie, elle est le contraire de l’organisation». Ajoutons que la bureaucratie est le contraire de la responsabilisation des dirigeants sur le terrain des opérations. Un CISS dans une région donnée regrouperait sous une seule super-direction administrative tous les CSSS, les hôpitaux, les CLSC, les Centres jeunesses, etc. Le CISS tirera à lui toutes les responsabilités locales et régionales de gouvernance mais aussi de gestion des établissements. Et les décisions, dans les faits, seraient soumises aux diktats du ministre par l’intermédiaire  du président-directeur général du CISS nommé par le ministre pour une durée de quatre ans et, selon les circonstances, pouvant par celui-ci être relevé de ses fonctions.

Cette confusion des rôles aura des conséquences importantes, à n'en pas douter, sur la spécificité des établissements, leurs vocations respectives et leurs expertises. D’ailleurs, les raisons qui ont amené sans doute le ministre à exclure un certains nombres d’établissement à Montréal sont probablement les mêmes que l’on pourrait avancer pour dénoncer la création des CISS dans toutes les régions du Québec.

Comme nous l’avons dit pour le réseau de l’éducation, si le réseau de la santé est un bien commun comme le pain, nous n’avons pas pour autant besoin d’un « État boulanger ».


Aucune organisation ne se développe sans vision

Pour cela, il faut au moins deux choses.

1- Il faut que le leadership sur le terrain (les dirigeants) ait le pouvoir de s’exprimer dans l’action, c’est-à-dire dans la prise de décisions : sur le personnel, les budgets et les choix stratégiques relatifs au panier de services offert aux citoyens.

2- Le leadership du gouvernement doit s’exprimer ailleurs : définir les grandes balises économiques et l’étendue et la gestion des programmes nationaux, notamment.

Par exemple : réviser le système d’assurance médicaments à cause de ses coûts élevés; revoir et corriger les pratiques médicales qui conduisent au surdiagnostic; revoir l’ensemble des primes, y compris le paiement à l’acte des médecins qui plombent le financement du réseau de santé, se référant davantage à l’expérience européenne qu’à celle de l’Ontario; réviser  les impacts de la double hiérarchie, celle de l’administration dans les établissements et celle des médecins; revoir le rôle des infirmières, notamment des super infirmières, etc.

Pour cela, il faut du courage et se mettre politiquement au-dessus de la mêlée plutôt que de vouloir faire à la place de ceux qui, par délégation des responsabilités, doivent assumer la gestion des organisations en santé.

«Cesar pontem fecit» ne se traduit pas par 'César fit un pont', mais bien par 'César fit faire un pont'.


[1] Les auteurs de Québec et de Montréal, retraités du monde de l'enseignement supérieur, s'intéressent aux politiques publiques.
[2] Henry, Mintzberg, Des managers des vrais, pas des M.B.A.  2005

vendredi 24 octobre 2014

LA LÂCHETÉ DES FOUS D'ALLAH


Beaucoup d'eau a déjà coulé sous les ponts suite aux attentats de cette semaine, et il en coulera encore plus avant que ces événements, chassés de l'actualité part d'autres nouvelles, ne tombent dans un certain oubli.
Mais il est un aspect des attentats de Saint-Jean et d'Ottawa que je n'ai pas vu souligné, jusqu'ici. C'est l'incroyable lâcheté de Martin Couture-Rouleau et de Michael Zehaf Bibeau. Dans les deux cas, ces hommes déséquilibrés sont arrivés par derrière pour tuer. Dans le cas de Couture-Rouleau, c'est par derrière qu'il a foncé sur deux militaires, tuant l'adjudant Patrice Vincent, âgé de 53 ans.

À Ottawa, mercredi, Michael Zehaf Bibeau a froidement assassiné le caporal Nathan Cirillo, 24 ans, qui montait, sans être armé, une garde d'honneur devant le Cénotaphe à Ottawa. Le Caporal Cirillo a été touché mortellement dans le dos.
Pour ces assassins, la lâcheté était donc de mise dans leur monde devenu fou. Ces animaux - comment les appeler autrement, ces animaux ont eu le sort qu'ils méritaient. Ils étaient, au sens le plus strict du terme, devenus d'épouvantables dangers publics.

Levons notre chapeau aux policiers qui, à Saint-Jean, ont abattu Martin Couture-Rouleau, et au sergent d'armes du Parlement d'Ottawa, Kevin Vickers, qui en compagnie d'agents de la GRC et de la sécurité du Parlement, a descendu cet autre chien enragé qu'était Michael Zehaf Bibeau.
Si l'État islamique compte sur ce genre de lâches pour se développer, rassurons-nous : nous saurons en venir à bout.

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mercredi 17 septembre 2014

Le résultat du référendum écossais : une réflexion avant le résultat

Les Écossais vont voter OUI ou NON au référendum sur l'indépendance de l'Écosse. J'en ai un peu marre d'entendre et de voir tous ces journalistes et analystes nous dire qu'il est impossible de dire qui va gagner, que les camps du "oui" et du "non" sont trop près l'un de l'autre, etc. Où étaient donc tous ces "placoteux" de l'information au cours des dernières décennies, lors de référendums et d'élections ? N'ont-ils rien appris ?
 
Je m'explique, et je me lance, au risque de me tromper.

Je ne connais pas, personnellement, d'Écossais. J'ai connu naguère, il y a plusieurs décennies, un collègue journaliste, Bob MacKenzie, correspondant à Québec du Toronto Star, Écossais farouchement anti-anglais, mais, malheureusement, que je ne l'ai pas croisé depuis au moins 15 ans.
 
L'issue du référendum écossais ne me fait ni chaud ni froid. Toutefois, le phénomène politique m'intéresse, car le politique m'intéresse, où qu'il survienne.
 
Au moment où j'écris ces lignes, les derniers sondages placent le OUI entre 45 et 48 % des voix, et le NON entre 52 et 55 % des votes. Je n'apprends rien à personne. Par contre, il subsiste toujours près de 20 % des voteurs inscrits qui se disent indécis ou non décidés.
 
Cette situation, à mes yeux, veut tout simplement dire que le camp du NON va remporter ce référendum. Vous pourrez dire que vous l'avez lu sous ma plume, en premier. 


La vraie nature des indécis...

 
Pourquoi le NON va-t-il l'emporter ? La réponse est très simple. Certains, optimistes, vont chercher à répartir les indécis à peu près moitié -  moitié entre les deux camps. Au regard de toutes les élections dans le passé et des référendums, ce serait une erreur.
 
Les spécialistes des sondages vont vous le dire : les gens qui, même à la veille du jour du vote, se disent indécis se classent en deux groupes : d'une part, il y a vraiment des personnes qui vont se décider à la dernière seconde, dans l'isoloir, et à ce titre, elles sont vraiment indécises, et il est très difficile de dire où ira leur vote. Mais d'autre part, chez les fameux indécis, il y a les "discrets" et ces discrets, une fois sondés après le vote, se sont toujours identifiés en majorité pour le statu quo, ou encore pour le camp qui paraît gagnant.
Chez les personnes qui vont se décider dans l'isoloir, il est permis de croire qu'il y en aura autant pour le OUI que pour le NON. Ce facteur ne changera pas le résultat global du vote. Toutefois, chez les "indécis" qui sont plutôt des personnes "discrètes", celles-ci vont voter en majorité pour le statu quo ou pour le camp qui, maintenant, semble sur le point de gagner même par la peau des fesses, donc pour le NON.
 
Si ce groupe d'indécis ne représentait que quelques points de pourcentage, on pourrait ignorer leur effet sur le résultat du référendum écossais. Mais en vérité, à près de 20 % des inscrits, il faut en tenir compte.
 
Je crois que les jeux sont faits, en Écosse. À moins d'un événement hors du commun, je pense donc que le NON va l'emporter et oui, je suis très conscient que je peux me tromper.
 
Le résultat ne veut pas dire que les problèmes tant de l'Écosse que de la Grande-Bretagne seront réglés, loin de là. Mais cela, c'est une toute autre histoire...

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samedi 6 septembre 2014

IL N'Y A PAS DE PETITES ÉCONOMIES, DISENT-ILS…

Le Parlement de l'Ontario compte, en 2014, 107 députés, soit 18 de moins que le nombre de députés à l'Assemblée nationale du Québec. Seulement à ce chapitre, cela représente pour la province voisine une vingtaine de millions $ de moins en dépenses par année. Au 1er juillet 2012, le Québec comptait un peu plus de 8 millions d'habitants, et l'Ontario, 13,5 millions.

Est-ce que les 107 députés de Queen's Park signifient une vie politique ontarienne moins démocratique qu'au Québec ? À voir le nombre de fois où le gouvernement de l'Ontario a été minoritaire depuis 35 ans, il est permis d'en douter. Tout comme au Québec, la vie politique ontarienne est très animée, et tout ne baigne pas dans l'huile entre les conservateurs, les libéraux et les néo démocrates.
Question : pourquoi ne pas imiter l'Ontario qui, sous le gouvernement de Mike Harris, a décidé d'adopter les limites des circonscriptions électorales fédérales en Ontario pour les utiliser au plan provincial ? Ce faisant, l'Ontario a réduit le nombre de ses députés.

Les bonnes âmes et certains médias ont, comme à l'habitude, déchiré leurs chemises sur la place publique, mais rapidement, les Ontariens se sont habitués à une Assemblée législative moins nombreuse et il ne semble pas que les citoyens ontariens s'en plaignent.


Attaquer une vache sacrée
Au Québec, nous avons des bureaucrates, démographes et géographes, qui sont payés pour étudier en permanence les limites des circonscriptions électorales provinciales. Ce faisant, le Québec dédouble à ses frais un travail déjà bien fait par Élections Canada pour les circonscriptions électorales fédérales sur le territoire du Québec. Ce dédoublement est fait par le Québec, et non par Ottawa.


Est-ce que ce serait si sacrilège pour le Québec d'imiter l'Ontario, donc d'adopter les limites des circonscriptions électorales fédérales pour faire élire ses députés à l'Assemblée nationale et d'avoir 78 députés provinciaux au lieu de 125 ? Est-ce que cela ne correspondrait pas davantage à notre situation financière collective ?
Je vois et j'entends d'ici les clameurs et les cris outragés face à cette idée, face à cette proposition. Ce sera, bien sûr, "rapetisser" le Québec, le "canadianiser", en "faire une province comme les autres", "l'émasculer dans le plus profond de sa démocratie", "porter atteinte à sa symbolique profonde", "mettre en péril son caractère distinct", etc., etc., etc… La SSJB, le PQ, QS, ON, bref, tous les groupes et partis nationalistes alphabétisés vont nous servir ces arguments à satiété.

Tous ces arguments plutôt creux sont connus, archi connus. Ce qu'ils ne disent pas, cependant, c'est qu'une mesure comme celle-là, à terme, représenterait des économies structurelles d'au moins une centaine de millions $ par année. Ce qu'ils ne disent pas non plus, c'est que le citoyen moyen s'en moque pas mal d'avoir 78 ou 125 députés à Québec.
Réduire la bureaucratie, réduire le nombre de députés ne fera mourir personne. Il est grand temps d'y songer sérieusement.

Le Gouvernement du Québec a demandé aux citoyens des suggestions pour réduire ses coûts. Voilà : j'ai présenté la mienne.
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jeudi 31 juillet 2014

RDI : LE PLACOTAGE D'ABORD ?

Le dimanche 1er juin dernier, mon épouse et moi sommes chez des amis qui demeurent à Ahuntsic, à Montréal. On s'apprête à revenir à Québec. Il fait beau, la route sera agréable. Pendant qu'on finit de ramasser nos bagages, notre hôte allume sa télé à RDI, et on réalise que c'est ce dimanche qu'a lieu le Tour de l'île cycliste annuel.

Pendant une dizaine de minutes, on attend patiemment que le Réseau de l'Information nous donne un aperçu du tracé de ce Tour de l'île. Mais non, rien. Le journaliste "sur le terrain" qui nous décrit les cycliste arrivant pour le départ du Tour jase de tout et surtout, de rien, mais il suggère plus d'une fois à l'animateur de montrer à l'écran le tracé du Tour de l'île. L'animateur, qui manifestement aime mieux jaser qu'informer, lui répond que les gens n'ont qu'à aller sur Internet pour voir ce tracé.
 
Mais je n'ai pas, là, d'Internet dans ma main. Mon ordinateur est chez moi, à Québec. Chez ces amis de Montréal, il n'y a pas de routeur, pas de WIFI, c'est-à-dire en bon français, pas d'Internet ambiant. Comme la majorité des gens, nous ne sommes pas des « accros » aux nouvelles technologies, même si on sait s'en servir. J'attendais une information concrète de la part de RDI : elle n'est jamais venue.
 
Pensant nous en tirer, nous sommes quand même partis. Comme toujours lorsqu'on quitte le domicile de ces amis, on emprunte le boulevard Saint-Laurent jusqu'à l'autoroute métropolitaine pour ensuite prendre le pont-tunnel et la "20" jusqu'à Québec. Ce dimanche-là, comme des milliers d'automobilistes montréalais, nous avons été pris en otages dans des bouchons invraisemblables durant deux heures, avant de réussir à revenir sur nos pas, à passer par Laval, et à se rendre sur l'autoroute 40 pour revenir à Québec. Si j'avais pu voir à l'écran de RDI le tracé, ce matin-là, j'aurais évité de perdre plus de deux heures.

RDI fait de l'information, paraît-il ? Ce matin-là, malgré la suggestion insistante du journaliste sur le terrain, ce Réseau a manqué à ses devoirs, il a abdiqué sa responsabilité première, celle d'informer. Il a préféré placoter.

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Le jeudi, 30 juillet, je suis dans une salle d'attente de l'Institut de cardiologie et de pneumologie de Québec (autrefois appelé Hôpital Laval). J'attends pour une prise de sang. L'inévitable et très irritante télévision accrochée au mur est à RDI. Une journaliste de Québec est à Valcartier où les autorités militaires tiennent une cérémonie solennelle à l'occasion pour rappeler le décès, en 1974, de six cadets tués par une grenade vivante qui, par erreur, s'est retrouvée dans un lot de grenades inertes. Triste accident.
En ce 30 juillet 2014, l'animatrice de RDI rejoint en direct la journaliste de Québec à Valcartier au moment même de l'appel aux morts joué à la trompette. C'est un moment très solennel. Mais au diable la solennité : la journaliste "sur place" fait son bla-bla, rappelle l'incident d'il y a quarante ans, l'enquête, etc., pendant un bon cinq minutes. Je suis persuadé que, sur place, elle a sérieusement nui à la solennité de la cérémonie de Valcartier, mais on s'en fout : il faut du bla-bla à RDI, et qui osera remettre à sa place une journaliste en direct ? Je n'ai qu'une question : le respect, qu'en faites-vous ?

Face à ce comportement des médias, une chose me fait du bien : en situation de deuil et de douleur, de plus en plus de gens excluent maintenant les médias des cérémonies pour que celles-ci ne soient pas littéralement polluées par des journalistes incapables de respect. C'est un signe qui ne trompe pas.
En passant, j'aime bien RDI (ou LCN), mais à petites doses. Sur toute la terre, il n'y a pas d'information nouvelle à survenir 24 heures par jour, 365 jours par année.

Les chaînes CNN, Newsworld, RDI, LCN et toutes les autres dans le monde sont condamnées à la répétition incessante et au placotage de pseudo-experts, et cela se fait de plus en plus au détriment d'une information solide et objective.

Les nouvelles en continu, était-ce une si bonne idée ?

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lundi 9 juin 2014

MADAME JEANSON, ON NE VEUT PLUS VOUS ENTENDRE !

Geneviève Jeanson est cette cycliste qui a candidement fini par avouer en 2007 à l'émission Enquêtes, qu'elle consommait des produits dopants. Ses succès comme cycliste sportive étaient donc de la fraude. C'était, dit-on, de la faute de son entraîneur à qui elle ne veut plus parler.

Voilà qu'un producteur, peut-être de mèche avec Radio-Canada, lance aujourd'hui un film racontant la vie de Geneviève Jeanson. Toute une vie !

Sur le site de Radio-Canada, on peut lire : «C'est lundi à Montréal que sera lancé le film La petite reine, inspiré de l'histoire de l'ex-cycliste québécoise Geneviève Jeanson, éclaboussée par des scandales de dopage sportif. » 

Pour souligner ce lancement, voici que le fouille-merde en chef de Radio-Canada, Alain Gravel, fait à nouveau une entrevue "exclusive" avec Geneviève Jeanson.

Pourquoi faire encore une entrevue ?

Pourquoi faire encore une entrevue, me demanderez-vous ? Pour faire de l'information ? Sûrement pas, car l'histoire triste et peu exemplaire de cette pauvre jeune femme, on la connaît déjà assez. 

Pour nous montrer que Geneviève Jeanson s'est repentie et ne recommencera plus ? On n'en a rien à glander, comme disait un de mes anciens patrons.

Au fond, Geneviève Jeanson, qui a déjà fait la preuve de sa grande naïveté, collabore avec Alain Gravel et donne un coup de main de marketing au producteur du film La petite reine. De plus, faisant d'une pierre deux coups, Gravel continue de nous démontrer à quel point il est un Grand Journaliste.

Mais pour Geneviève Jeanson, il n'y a rien à gagner. Elle demeure le dindon de cette farce qui n'est pas drôle, car cette jeune femme, qui a avoué tout ce qu'il y avait à avouer il y a déjà 7 ans, n'a plus rien à nous dire. Oh, je sais que l'entrevue "exclusive" est déjà enregistrée. Ça va remplir du temps d'antenne, et les voyeurs qui n'ont rien d'autre à faire vont s'agglutiner devant le petit écran. Je ne suis pas de ceux-là.

Geneviève Jeanson, pour l'amour du ciel et pour votre propre respect, à l'avenir, taisez-vous et faites votre vie.  

Vous n'avez plus rien à nous apprendre, et on ne veut plus vous entendre. 

Votre histoire est déjà suffisamment triste comme cela.

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vendredi 23 mai 2014

À CAUSE DU MINISTÈRE : LE FRANÇAIS S'EN VA...

Il y a toujours plein de trucs intéressants dans les journaux, le matin. Je trouve que c'est plus intéressant sur papier que sur une tablette, mais ça, ça ne fait que démontrer mon âge. Papier ou tablette, il y a toujours plein d'histoires fascinantes, et je ne parle pas du procès de Mme Thibault. 

Tenez, ce matin, on apprend, comme cela, que le Ministère de l'éducation et surtout, du loisir et des sports, réduit ENCORE ses exigences pour la correction des examens de français.

Je cite la journaliste du Soleil Daphnée Dion-Viens:

« Pour corriger un texte de français, le Ministère demande maintenant de ne compter qu'une seule erreur «lorsque tous les mots d'un groupe (y compris l'attribut) régis par la même règle d'accord ne sont pas accordés comme ils devraient l'être». Par exemple, dans la phrase suivante, «Les chatte sont noire», les profs doivent compter une seule erreur plutôt que deux, puisqu'il s'agit de la même règle d'accord du pluriel qui n'est pas respectée. »

Notez qu'on ne parle plus de phrase, mais de groupe. Donc, dans le cas de la phrase "les chatte sont noire", il y a là DEUX fautes d'accord. Mais, pour le ministère moumoune du Québec, il n'y en a qu'une, et peut-être pas si ton petit cœur de correcteur pleure à l'idée de faire de la pei-peine à un petit Québécois qui a le droit sacré de réussir sans efforts.

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Je ne peux pas croire que nous en soyons rendus là. Avec l'aide du Ministère de la non éducation du Québec et de la complaisance générale, le français est de plus en plus foutu chez nous. C'est un triste constat, mais un réel constat. Pour ma part, en ma qualité de vieux, je suis très fier QU'AUCUN de mes diplômes n'ait été signé par un représentant d'un gouvernement. Aucun.

Ce qui fait que je sais écrire, et qu'on m'a formé, oui, à la dure. Dans le cas de "les chatte sont noire", il y a là DEUX fautes d'accord, pas une. Le français s'apprend en le parlant et en l'écrivant.
 
Ma mère et mon père m'ont appris à le parler, et mes professeurs, laïcs et religieux, m'ont appris à l'écrire. Ce ne fut pas facile. Ce n'était pas ludique, n'en déplaise aux "scientifiques de l'éducation" (?) d'aujourd'hui.  

J'en ai fait, des dictées, et j'ai appris le vocabulaire et la grammaire avec ses règles. J'en suis fier et j'ai transmis cela, je crois, à mes enfants. Il m'arrive encore de faire des fautes ou de commettre des erreurs ou des coquilles dans mes textes. J'en ai toujours honte, et je me corrige.

Hé les enseignants et enseignantes du Québec, bon sang, révoltez-vous et corrigez vos examens de français comme la langue française le commande et non comme les bureaucrates incompétents et insignifiants le souhaitent !

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Avec mes remerciements à la journaliste du Soleil Daphnée Dion-Viens pour avoir déterré cette histoire.

Image: Huffington Post Québec



dimanche 11 mai 2014

LES CURÉS, LES FRÈRES...


Maintenant que les conneries suscitées par le défunt projet de Charte du PQ sont, enfin, derrière nous, je ne peux m'empêcher de reprendre dans mon blogue ce magnifique texte de Claude Jasmin. 

Il est temps de dire haut et fort que l'immense majorité des prêtres et des religieux et religieuses ont été des gens décents, respectueux, et dédiés au mieux-être de leurs élèves. 


Les curés, les «frères», tous les ensoutanés de jadis : des pervers sexuels, pédophiles dangereux?


Bon, bon. Ça suffit les zélotes du fondamentaliste athéiste, chers anticléricalistes aveuglés, acharnés, repos!

La vérité : collectivement nous devons manifester aux enseignants de jadis une immense reconnaissance. En toute justice, sans aucune honte.

Officiellement on dit qu'il y a eu 7% de pédophiles, donc, il y a eu 93% de prêtres et de religieux enseignants qui se sont dévoués généreusement à ce vaste ouvrage pédagogique, mal payés, sans vrai prestige le plus souvent. Certes avec plus ou moins de talent pédagogique. Ces innombrables vaillantes troupes d'hommes en soutanes sont, ces temps-ci, collectivement salies par ce malheureux 7%.

Le temps est donc venu de stopper la diffamation généralisée des enseignants religieux, une entreprise malveillante, un ouvrage maléfique, entretenu par certains laïcistes fanatiques.

Hélas, nous sommes nombreux à nous taire, intimidés par la mode du jour : le vice répandu partout.

Allons. Plein de Québécois se taisent peureusement face à ce déferlement, à cette infâme généralisation.

Ce «tous les curés dans le même odieux sac» accable des gens âgés ayant consacré une vie en dévouement.

Toute une existence à enseigner aux enfants du peuple Québécois, sans aucune discrimination.

Je souhaite entendre, lire quelques témoignages de reconnaissance désormais. Innombrables sont ces anciens gamins qui ont une dette d'honneur
envers des religieux enseignants, dont des pédagogues absolument merveilleux. Il faut les nommer. 

En toute justice. Il faudrait pour chaque mille dollars arrachés à une congrégation accusée, verser «neuf fois» cette somme, cela correspondrait en toute équité à ce 7% de vicelards versus ce 93% d'intègres religieux.

Pour ma part, je dis merci aux dévoués Clercs de Saint-Viateur de ma «petite école», rue De Gaspé dans Villeray (frère Foisy, frère Carpentier, salut !); comme je dis «grand merci» aux Sulpiciens du collège Grasset (Père Amyot, père Legault, salut !) à Ahuntsic.


Claude Jasmin


jeudi 10 avril 2014

« MANE, THECEL, PHARES »

« MANE, THECEL, PHARES »[1]

Dans le Livre biblique de Daniel, le dernier roi de Babylone, Balthazar, assiégé par Cyrus dans sa capitale, se livre à une orgie avec ses courtisans ; dans une forfanterie d'impiété, il fait servir sur les tables les vases sacrés que Nabuchodonosor avait autrefois enlevés au Temple de Jérusalem. Cette profanation à peine commise, le monarque voit avec épouvante une main qui trace sur la muraille, en traits de flamme, ces mots mystérieux : « Mane, Thecel, Phares », soit « compté, pesé, divisé » que le prophète Daniel, consulté, interprète ainsi : « Tes jours sont comptés ; tu as été trouvé trop léger dans la balance ; ton royaume sera partagé ». Dans la même nuit, en effet, la ville est prise. Balthazar est mis à mort et la Babylonie partagée entre les Perses et les Mèdes. 
Je ne veux pas écrire ici, avec le confort et la vue a posteriori parfaite  des entraîneurs sportifs du lundi matin, que la défaite amère du Parti québécois à l'élection du 7 avril 2014, était écrite sur les murs du Parlement de Québec.
Mais cette défaite, analysée avec des perspectives historiques, sociologiques et démographiques, n'aurait pas dû nous surprendre et nous étonner autant. Ce gouvernement fut médiocre et il a mené une campagne purement tactique, sans dessein stratégique clair.


Au plan historique
Le Parti québécois se dirige, depuis près de vingt ans, vers un cul-de-sac électoral. Andrew Coyne, ce commentateur politique que les nationalistes québécois aiment détester en se levant le matin, a écrit avec justesse : «In the eight elections from 1970 to 1998, the PQ averaged almost 43% of the vote. In the five elections since then they have averaged barely 30%.[2]» Il n'est pas le seul commentateur, loin de là, à avoir fait ce constat.
Le 7 avril dernier, le PQ a obtenu 25 % des voix exprimées. La tendance vers le bas se maintient pour le parti.

Au plan sociologique
Il y a plus grave. Les chiffres de l'élection du 7 avril montrent que les jeunes, les 18 - 34 ans, ont déserté le Parti Québécois. Les enjeux liés à la souveraineté politique du Québec ne les intéressent pas, ne les motivent pas. L'article Un du programme du Parti québécois les laisse de glace. Ces jeunes sont maintenant ailleurs. Mais le PQ demeure le parti politique favori des 55 - 64 ans, les baby-boomers
Ce n'est pas très prometteur pour l'avenir.
Par ailleurs, l'ex-ministre Jean-François Lisée en fait lui-même le constat, «Le fait majeur de l'élection est donc le déplacement du vote francophone, dans tout le territoire, du PQ vers le PLQ. Un signal extrêmement fort.[3] »

Le Parti québécois a donc perdu l'appui de la très forte majorité de Québécois francophones qui lui était fidèle jusqu'à maintenant. Le PLQ a ramené dans son giron des électeurs péquistes déçus ou désabusés. 

Je ne parle pas des avancées de la CAQ et de Québec solidaire (en termes de nombre de comtés), qui démontrent encore une fois la poursuite de l'implosion de la coalition du parti fondé par René Lévesque il y a plus de 40 ans.
Enfin, le Parti québécois a perdu son emprise sur le "450", c'est-à-dire sur les couronnes Nord et Sud de Montréal, qui se sont réparties entre la CAQ et le Parti libéral. 

Tout cela représente un changement social et politique majeur dans l'histoire de ce parti et du Québec.

Un gouvernement médiocre
Un autre facteur doit être considéré dans cette analyse postélectorale. Pendant son séjour au pouvoir, le gouvernement du Parti québécois, entre septembre 2012 et juin 2013, a accumulé erreur par-dessus erreur, gaffe par-dessus gaffe.
Le drame de Lac-Mégantic en juillet 2013 est venu en quelque sorte 'réchapper' le gouvernement de Madame Marois. L'empathie bien réelle de la première ministre dans ces circonstances éprouvantes et l'action énergique et, enfin, coordonnée de ses ministres et ministères, tout cela est venu rassurer les Québécois : ils avaient enfin un gouvernement sérieux à la barre du navire.
Au lieu de poursuivre sur cette lancée, voilà que ce même gouvernement organise une fuite médiatique sur son projet de charte, dépose plus tard ce dernier et entreprend une opération de wedge politics, de politique de division entre Québécois comme on n'en avait pas vue depuis la crise de la conscription en 1942.
Ce faisant, le Parti québécois s'aliénait non seulement les néo-Québécois et les Anglo-Québécois, mais aussi et surtout une bonne partie des Québécois francophones pure laine incapables d'accepter cette vision du Québec. 

De plus, il jetait aux poubelles de l'histoire plus de trente années d'efforts sincères de rapprochements avec les minorités sur son territoire, efforts entrepris par Gérald Godin et Jacques Couture à la fin des années 1970. Pire encore, le gouvernement péquiste, sur ce projet de charte, refusait tous les compromis honorables qui lui étaient proposés. Minoritaire, il a adopté la ligne dure d'un gouvernement majoritaire.
Au total, malgré quelques très bons projets de loi rassembleurs, le gouvernement du PQ n'a pas été un très bon gouvernement. Il ne méritait pas d'être réélu, et c'est ce que les Québécois semblent bien avoir décidé, le 7 avril dernier.

Une campagne tactique
Un dernier mot sur la campagne déclenchée le 5 mars dernier. Au moment d'écrire ces lignes, on ne sait pas encore très bien pourquoi Madame Marois a décidé d'aller en élection.
Sa seule explication, c'est qu'elle désirait avoir « tous les pouvoirs » pour faire adopter ses projets de loi et faire progresser le Québec. C'est vrai que l'opposition a bloqué quelques projets de loi, mais c'est tout aussi vrai qu'elle a voté en faveur d'autres projets de loi. L'opposition à l'Assemblée nationale n'a pas fait de blocage systématique envers les projets gouvernementaux. Bien sûr, l'opposition avait annoncé son intention de voter contre le budget Marceau tel que présenté. Mais il n'y a pas eu de vote. Madame Marois a plutôt choisi d'aller en élection.
Ce faisant, elle s'imposait un très lourd fardeau de la preuve: son gouvernement ne faisait face à aucune motion de non-confiance; son gouvernement n'avait pas été renversé en Chambre; de plus, en déclenchant les élections, elle violait sa propre loi sur les élections à date fixe, pensant profiter de sondages favorables. Sa loi devait prévenir précisément ce genre de comportement de la part d'un chef de gouvernement.

Sur ces fondations problématiques, la campagne du PQ a pris un difficile envol. Madame Marois a boudé les journalistes - comme Monsieur Harper, le jour du déclenchement de l'élection. 

Est arrivé ensuite Monsieur Péladeau, le poing en l'air pour "le pays". Le reste de la campagne fut dédié au rattrapage sans succès d'un plan de match électoral sans dessein stratégique clair. On connaît la fin de l'exercice.

Et la suite…
Nous sommes maintenant entrés dans la saison des examens de conscience chez les membres du Parti québécois. Ce qu'on entend jusqu'ici à ce propos, sauf rarissimes exceptions, n'est guère encourageant pour l'avenir de cette formation politique. 

C'est "more of the same"... Personne n'ose vraiment remettre en question l'article Un du programme, alors qu'il constitue de façon de plus en plus évidente le cœur du problème fondamental du PQ. Mais cet article est aussi le ciment qui tient ensemble ce qui reste de ce parti politique. L'avenir s'annonce difficile.
Le PQ va tenir une course à sa chefferie, mais en regard de sa place dans l'évolution politique du Québec et de son propre cheminement comme organisation, cette course risque d'être aussi anecdotique, ultimement, que celle qui a fait de Gabriel Loubier le chef de l'Union nationale en 1971, ou de Daniel Paillé le chef du Bloc québécois plus récemment.
Le prochain chef du PQ risque fort d'être le dernier leader significatif de cette formation politique. 
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Images: Le Devoir, Radio-Canada, Internet

vendredi 4 avril 2014

LA RÉGION DE QUÉBEC : UNE CHAMPIONNE !

Pendant que l'ensemble du Québec affiche un taux de chômage moyen de 7,8 % en février, à Québec, le marché de l'emploi connaît un début d'année fracassant. Le mois dernier, le taux de chômage dans la région qui couvre les villes de Québec et Lévis est à 4,1 %. 

Selon Statistique Canada, Québec est la région où le chômage est le plus bas au pays. Québec connaît le plein emploi. Cette réussite est le résultat de la vision des leaders de la région depuis les années 1980.
À l’époque, l’industrie manufacturière déclinait rapidement. Le gouvernement du Québec, après l’explosion de la fonction publique des années 1970 et 1980, faisait une pause dans l’embauche, et le secteur touristique avait atteint en bonne part son plafond de création d’emplois. Les leaders de la région de Québec, parmi lesquels figuraient les maires Jean Pelletier et Jean-Paul L’Allier, et les recteurs Jean-Guy Pâquet et Michel Gervais, ont convenu que l’avenir économique de la région, pour se diversifier, devait reposer sur les industries de haute technologie appliquant les résultats de la recherche universitaire dans tous les domaines. 
 
Concrètement, cette orientation a mené à la création du Parc technologique du Québec métropolitain, classé maintenant parmi les meilleurs au monde dans sa catégorie. L’action énergique de Jean-Guy Pâquet a entraîné la création à Québec de l’Institut national d’optique (INO), avec les retombées concrètes que sont des entreprises spécialisées comme Exfo ingéniérie et bien d'autres. Cela a aussi permis de créer des centres de recherches biomédicaux dont la réputation dépasse largement nos frontières.
Les années 1990 ont permis deux développements spectaculaires à Québec. D’abord, l’arrivée du monde numérique et les nouvelles technologies de l’information et des communications ont ouvert une porte fascinante sur le 21e siècle. Puis, Jean-Paul L’Allier, ignorant les moqueries dont il faisait l’objet, a entrepris de revitaliser le centre-ville de Québec, le quartier Saint-Roch.
Cela a permis d’en faire aujourd’hui un foyer de création unique de jeux vidéos et d’innovations de toutes sortes. Les entreprises qui y sont installées, dont Ubisoft, recherchent constamment des employés qualifiés. Depuis la fin des années 1980, la région de Québec est donc sortie de sa torpeur et a cessé d’être le « gros » village dont on aimait se moquer.
Tout cela n’est pas le fruit du hasard. De la vision, de la détermination, voilà ce qui a fait qu’en 2014, Québec – la région - est le lieu au Canada où le chômage est le plus bas. Depuis le tournant de l’an 2000, le taux de chômage de la région de Québec a TOUJOURS été le plus bas au Québec et TOUJOURS parmi les plus bas du Canada. C’est une réussite qu’il faut reconnaître en saluant les visionnaires qui l’ont rendue possible.
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