samedi 11 janvier 2014

MARCHER À QUÉBEC

Il y a quelque temps, en roulant sur l’avenue Jules-Verne en direction du boulevard Wilfrid-Hamel à Québec, tout juste derrière le magasin Canadian Tire, j’ai dépassé un vieil homme qui marchait. Sur la chaussée. Il marchait sur la chaussée, parce que sur toute la longueur de l’avenue Jules-Verne, il n’y a pas de trottoirs. La Ville de Sainte-Foy, qui a construit cette avenue il y a dix ou quinze ans sous la férule sans vision de la défunte mairesse Boucher, n’a pas jugé bon de border cette avenue de trottoirs des deux côtés.

À propos du « Plan Ouest » de la Ville de Québec, le chroniqueur François Bourque écrivait dans le Soleil : « Comment en faire un quartier plus dense et plus agréable à vivre et à marcher, avec des espaces verts et des aires de détente ? » Or, ce n’est pas d’hier que les trottoirs, de Québec, quand ils existent, ‘avortent’ sans raison, disparaissent, ne sont que d’un côté de la rue, ou n’existent tout simplement pas, comme sur le boulevard Laurier devant toute la longueur de l’Université Laval. Incroyable !
En ce sens, la ville de Québec issue des fusions du 1er janvier 2002, a beaucoup de  chemin à faire pour devenir une véritable ville, un vrai milieu urbain sur l’ensemble de son territoire.

LA PREMIÈRE PLACE PUBLIQUE
Dans tout milieu urbain, le trottoir est la toute première place publique, là où citoyens et citoyennes se croisent en allant faire leurs courses, travailler, prendre une marche ou simplement humer l’air du temps. Le trottoir est aussi une protection contre l’automobile. C’est pour cela que les rues des anciennes banlieues de Sainte-Foy, de Charlesbourg, de Beauport ou de Cap-rouge, construites sans trottoirs, sont si dangereuses pour les piétons. À l’inverse, dans le Vieux-Limoilou, toutes les rues sont bordées de trottoirs des deux côtés.

Au moment du triomphe de l’automobile dans les années '50 et '60, nul ne prédisait que le nombre d’autos exploserait autant. Que les résidences à deux ou trois automobiles deviendraient la norme plutôt que l’exception. Que l’empoisonnement de l’environnement par la congestion urbaine par l’auto deviendrait de plus en plus socialement et économiquement inacceptable. L'absence de trottoirs, dans beaucoup trop de quartiers de Québec, est une histoire d’horreur qui met en danger la sécurité des piétons.
Bien sûr, la Ville de Québec en construit, ici et là. Mais c'est nettement insuffisant pour corriger les erreurs du passé et fournir à tous ses citoyens ce service essentiel à longueur d'années. Québec n'a pas encore appris ce qu'est une ville moderne.
Quand je vois la ville refaire entièrement, dans mon coin, des rues comme Chanoine-Scott ou encore Duchesneau (entre Quatre-Bourgeoys et le Chemin Sainte-Foy) à l’identique, c’est-à-dire sans ajouter de trottoir là où il n’y en avait pas avant la réfection, quand je vois ma ville rénover une petite rue (la rue Lanthier à la Pointe de Sainte-Foy) où il y avait deux trottoirs et en remplacer un par une simple bordure de ciment, j’en conclus que l’administration municipale, à l’instar de son premier magistrat, n’a pas de vision de ce que doit être une ville du 21e siècle, un milieu urbain « un quartier plus dense et plus agréable à vivre et à marcher, avec des espaces verts et des aires de détente », pour reprendre les mots de François Bourque…

Rue Lanthier en 2007

Rue Lanthier en 2013, un trottoir en moins
 
 

C’est vrai que les trottoirs, c’est moins excitant que l’amphithéâtre ou le retour des Nordiques. Mais c’est pas mal plus pratique. Pour TOUT le monde. À TOUS les jours.

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