vendredi 18 octobre 2019

COMME PAULINE MAROIS EN 2014

Au printemps 2014, le ministre péquiste des finances Nicolas Marceau présente son budget annuel. Les oppositions annoncent dès la présentation du discours sur le budget qu’elle voteront contre ce budget, renversant du même coup le gouvernement minoritaire de Pauline Marois. Face à cette perspective, Pauline Marois décide, sur de bien mauvais conseils, d’aller en élection générale. Elle n’attend pas d’être renversée en Chambre par l'opposition. Elle demande au lieutenant-gouverneur de dissoudre la Législature et elle monte dans son autobus de campagne sans faire de déclarations à la presse. La campagne péquiste démarre, mais ne s’envole pas. J’ai, à l’époque, écrit un blogue dans lequel je me demandais, trois jours avant l’élection du 7 avril, ‘pourquoi sommes-nous en élection ?’ 

À trois jours des élections fédérales de 2019, je pose aujourd'hui la même question. Mis à part le fait que les élections soient maintenant à date fixe à tous les quatre ans, pourquoi sommes-nous en élection ? Que nous ont proposé les différents partis fédéraux ? Quel projet mis de l’avant a ou a eu l’effet d’enthousiasmer l’électeur moyen au Canada comme au Québec ? On voit bien Justin Trudeau est un peu dans les câbles, on s’étonne des excellentes campagnes de Jagmeet Singh (dont on attendait peu au point de départ) et d’Yves-François Blanchet (nettement la révélation de la campagne) et on assiste à une remontée inattendue du Bloc québécois chez les Québécois. Bien. Mais pourquoi sommes-nous en campagne électorale ? Quel est le projet de société qui nous a été soumis ? 

Personnellement, je ne vois rien qui puisse m’enthousiasmer, et c’est inexcusable. En 2014, Pauline Marois avait violé sa propre loi sur les élections à date fixe pour tenter de prendre les partis d’opposition les culottes baissées, tactique qui n’a pas fonctionné, on s’en rappellera. Sur la scène fédérale, ça fait quatre ans que les partis savent qu’ils iront en élection en septembre et octobre 2019 et ils n’ont pas réussi à élaborer un projet cohérent de société pour l’ensemble du pays. Je le répète, c’est inexcusable.

C’est à se demander à quoi servent les partis politiques et les conseillers de toutes sortes qui entourent les élus, au gouvernement comme dans l’opposition. Y avait-il quelqu’un (ou une) chargé(e) du moyen et long terme dans les partis et les cabinets politiques ? Je sais bien, comme disait le regretté Robert Bourassa qu’en politique, trois semaines peuvent sembler être une éternité tant les événements s’avèrent imprévisibles, mais depuis les élections à date fixe, il n’y a plus de suspense autour du moment choisi par le premier ministre pour aller aux urnes. 
Cette incertitude a été éliminée. Ça veut dire qu’on voit venir à l’avance la date de l’élection et qu’on peut (et doit) s’y préparer. En cette fin de campagne fédérale de 2019, il semble que la préparation au sein des partis en lice ne soit pas allée très loin. C’est triste et regrettable. Quand le parti au pouvoir proclame, comme leitmotiv de campagne, « Avancer, un plan concret pour la classe moyenne », non seulement est-ce inepte, mais ça frise l'insignifiance.

Le résultat
Au moment d’écrire ces lignes, personne ne peut voir clairement ce qui va se passer lundi soir prochain. Les commentateurs et commentatrices de tous poils échafaudent toutes sortes de scénarios plus ou moins réalistes, mais au fond, ils ne savent pas comment cette élection va finir. 
Oui, le Bloc aura plus de députés que la dernière fois. Mais pour les autres partis, on vit un flou intense. L’issue du vote nous excite plus que n’importe quel programme avancé par les partis. En passant, quelle est la promesse électorale qui vous a le plus frappé ? Moi, je ne me rappelle d’aucune. C’est tout dire. 
Cela dit et écrit, allez voter.
P.S. : 
Je n'ai pas parlé de Maxime Bernier. Je ne m'en excuse pas.
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jeudi 3 octobre 2019

LA MAUVAISE TÉLÉVISION DES DÉBATS DE CHEFS…

Bon, le premier débat en français (à TVA) est derrière nous. Il y en aura deux autres : un en français et un en anglais. Indépendamment de la 'performance' de chacun des chefs et de l'animateur principal, la formule du débat avec plusieurs participants est, fondamentalement, de la très mauvaise télévision, suivant en tout cas les standards de 2019.
D’abord, il n’y a pas d’intrigues dignes de ce nom. Tout ce que chacun des chefs va dire est déjà connu. Ils et elle vont ressasser ce qu’ils disent non seulement depuis le début de la campagne électorale fédérale, mais depuis des mois, sinon des années. Les échanges ne sont jamais aussi ‘musclés’ qu’on (les journalistes) cherche à nous faire croire. Les brouhahas (quand tous les chefs se mettent à parler ensemble) sont fréquents et les modérateurs n’arrivent pas toujours facilement à rétablir l’ordre. Le seul suspense est de savoir qui va peut-être faire trébucher un autre chef.
Comme il y a maintenant toujours plus de deux participants à ces exercices, la formule des débats télévisés est devenue un carcan, une vraie chape de plomb. C’est visible à l’écran et c’est encore une fois de la mauvaise télévision. 
Les débats à deux, qui permettent à chaque chef un moment d’échanges avec un autre chef, sont frustrants dans la mesure où chacun de ces débats à deux est très limité par le temps. Cinq chefs ? Cinq débats à deux doivent trouver leur place dans un horaire serré entre les cinq déclarations d’ouverture et les incontournables cinq déclarations finales. S’il y a six chefs, ce sera pire.
Puis, il y a les thèmes convenus ou imposés. Souvent, ces thèmes correspondent à l’actualité politique récente (immigration, laïcité, économie, avortement, environnement, etc.) tels que perçus par les médias et convenus avec les partis. Sur chaque thème, quatre ou cinq premières interventions suivies d’échanges à deux, rarement à trois, leaders. Au bout de cinq petites minutes, le téléspectateur ne sait plus trop qui a dit quoi. Le processus se répète autant de fois qu’il y a de thèmes retenus. Ce n’est pas ennuyant. C’est carrément ‘plate’.
On a fait l’expérience, dans le passé, de demander à des citoyens ‘ordinaires’ de poser une question à un leader ou à tous les leaders présents au débat des chefs. Le seul mérite de cette formule, c’est que l’image, pendant quelques secondes, ‘sort’ du studio. Mais ça ne dure pas longtemps. On revient vite aux cinq premières réactions, puis aux débats à deux et subitement, l’animateur annonce qu’il n’y a plus de temps et que les chefs, toujours dans un ordre tiré au hasard, vont faire leur déclaration finale. On a essayé des débats avec les chefs assis autour d’une table. Mauvais. Puis on est revenu à TVA à la formule des chefs debout, chacun derrière son lutrin. Peut-être meilleur, mais toujours aussi plate.
Puis, l’émission du débat télévisé se termine et commencent aussitôt les efforts pour influencer les perceptions du public quant aux performances de chacun des chefs. Les ‘spinneurs’ sont à l’œuvre. Les chefs donnent chacun une conférence de presse et les commentateurs commencent à commenter, à opiner et à argumenter. Ça dure longtemps. Généralement, 99% des citoyens, à ce moment-là, sont passés à autre chose ou sont allés se coucher. Le lendemain, les différents médias et chroniqueurs distribuent les médailles : qui a été le meilleur, qui a été le moins bon et au bout de deux jours, on est passé à d’autres nouvelles.
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Je suis un ‘vieux’. Je suis assez vieux pour me rappeler le débat Kennedy – Nixon en 1960 et le débat Lesage – Johnson en 1962. Ces débats télévisés n’impliquaient que deux protagonistes et ils étaient plutôt intéressants. Ils étaient bien sûr statiques, comme aujourd’hui. La télévision était encore dans son enfance et demeurait encore une merveille. Les temps ont passé et ont changé. La télévision n’est qu’une des presque innombrables avenues pour quiconque veut regarder une image en mouvement. Les jeunes, globalement parlant, ne ‘perdent plus de temps’ avec la télévision conventionnelle. Ils sont rendus bien ailleurs. Ils s’informent autrement. Ils sont atomisés et chacun se fait sa propre chaîne d’images et de son.
S’asseoir pendant deux heures pour regarder des têtes parlantes à la télé est au-delà de leur patience. Un événement comme le débat des chefs d’hier à TVA et comme ceux qui s’en viennent à CBC et Radio-Canada est, pour eux, un non-événement. Ils ne sont pas concernés. Ils n’ont pas de temps à perdre avec de la mauvaise télévision statique.
Au fond, les débats des chefs à la télévision, c’est pour les médias, les partis politiques et leurs partisans les plus engagés, et finalement pour les vieux comme moi. Même là, un de mes ‘amis’ Facebook avouait ce matin s’être bêtement endormi devant le débat à TVA.
Je vous le dis : de la mauvaise télévision, ennuyante en plus…
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