mercredi 2 décembre 2015

MES VIEUX DÉMONS…

Voilà que la Cour supérieure du Québec reporte au moins jusqu’en février l’application de certaines dispositions de la loi sur les soins de fin de vie, aussi appelée la loi sur « l'aide médicale à mourir », qui devait entrer en vigueur dans 10 jours.

Cette suspension de l'application de cette loi québécoise tant que certains articles du Code criminel de juridiction fédérale n'auront pas été changés donne lieu à un chassé-croisé de déclarations et de réactions toutes assez prévisibles. Véronique Hivon, la « mère » de la loi québécoise, dénonce l'intrusion fédérale. Elle est députée péquiste et pour elle, le pays, c'est le Québec. Notre pays réel, cependant, c'est le Canada.

La ministre de la justice, Stéphanie Vallée, a annoncé que Québec portera en appel ce jugement de la Cour supérieure. «Pour nous, il est clair que la loi québécoise est valide, la loi québécoise encadre de façon très claire les soins de fin de vie qui seront offerts aux patients québécois, incluant l’aide médicale à mourir», a-t-elle dit.

Tant Madame Vallée que le ministre Gaétan Barrette ont clamé haut et fort que la loi québécoise sur les soins de fin de vie n'était pas une aide au suicide assisté ou de l'euthanasie, mais bien une loi « sur des soins de santé ».

Êtes-vous sûrs ?

 J'essaie ici de comprendre. Faire une injection qui met fin à la vie, c'est « un soin de santé ». Mettre fin à une vie, c'est « un soin de santé ». Je sais que je suis loin d'être le plus intelligent (je laisse cela à d'autres), mais j'ai quand même fait des études classiques. J'ai appris le vocabulaire, la grammaire, la philosophie, etc.

J'ai appris, en toute logique, que mettre fin volontairement à une vie, ça s'appelle tuer. J'ai aussi appris que si une personne met fin volontairement à sa vie, ça s'appelle un suicide. Peu importe la façon dont on en parle ou dont on enrobe cela, ça ne peut surtout pas être un « soin de santé », à moins de dépouiller les mots de leur sens le plus simple et le plus profond.

On a beau user et abuser de toutes les périphrases possibles comme « aide médicale à mourir », « mourir dans la dignité », « geste de compassion », il reste que la réalité est plus crue que cela : mettre fin volontairement à la vie d'un autre, ça s'appelle tuer; mettre fin volontairement à sa vie, ça s'appelle un suicide. L'échappatoire est impossible.

J'ajoute, enfin, qu'un médecin qui accepte de pratiquer une injection pour mettre fin à la vie d'un patient qui l'a demandée assiste un suicidaire et viole son serment d'Hippocrate. Il pratique, dans les faits, une euthanasie.

Voilà. Mes vieux démons sont sortis de mon placard. Ce n'est pas très important car mon opinion ne compte pas beaucoup et que je ne veux faire de leçon à personne. Mais je tiens à dire publiquement que je ne fais pas partie du « large consensus » qu'invoquent nos politiciens et politiciennes. Tuer une personne, même par compassion, ou assister un suicidaire dans son geste, je regrette de devoir le dire, mais c'est mal.
 
Même si j'étais le seul dans mon coin à avoir cette opinion, je continuerai à dire que c'est mal.


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1 commentaire:

  1. Merci d'avoir le courage de t'exprimer sachant que beaucoup seront en désaccord avec toi. Je suis tout à fait d'accord avec ton propos. Jusqu'où irons-nous si nous acceptons la première injection? Un phénomène nouveau pour une société qui, au lieu de parler de vivre dans la dignité aime mieux parler de mourir dans la dignité.
    on laisse des gens vivre dans des camps de réfugiés, dans la rue...Qui sommes-nous donc devenus? GA

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