De l'Alliance laurentienne de Raymond Barbeau en 1957 (qui
voulait créer une "République de Laurentie" avec un Québec séparé du Canada) au RIN de Pierre Bourgault en 1960, du Parti républicain de Marcel Chaput en 1962, au
Ralliement national de 1966, puis au MSA de 1968, au PQ, aux référendum de 1980
et de 1995, puis à Option nationale et à Québec solidaire, les Québécois ont écouté
les messages de ces formations politiques de droite ou de gauche, mais toutes indépendantistes ou souverainistes.
Depuis plus de 50 ans, on reprend chez ceux-ci les mêmes raisons, les mêmes arguments, les mêmes démonstration pour expliquer
la "nécessité" de réaliser l'indépendance politique du Québec. On recommence à
chaque génération. Et on insiste. Le PQ ayant été porté au pouvoir, on crée même
un ministère de la "gouvernance souverainiste", et on traite souvent avec un certain mépris ceux qui ne partagent pas l'objectif sacré de l'indépendance du
Québec ("hélas, ils ne comprennent pas").
Un
billet récent de Jérôme Boucher sur sa foi indépendantiste et les discussion qu'il a suscitées sur le Huffington Post Québec témoignent bien
du caractère répétitif de ce débat qui, il faut en convenir, ne semble pour le moment mener
nulle part.
Or, je crois que la question n'est plus de savoir pourquoi les Québécois
devraient devenir souverains politiquement, mais bien pourquoi les Québécois,
qui entendent depuis 50 ou 60 ans cette discussion, ne veulent-ils toujours pas
en majorité quitter le Canada.
Je pense qu'il y a plus que de la résignation au statu quo comme certains le pensent. Je suis sûr que
ce n'est pas de la lâcheté. Il me semble, au contraire, que les Québécois, tout
fiers qu'ils sont de leur langue, de leur culture et de leurs réalisations
depuis les années 1960, se sentent toujours également des Canadiens
francophones ayant leur place et leur rôle dans ce pays immense (le deuxième
plus grand au monde après la Russie) que leurs ancêtres français et canadiens,
avant tous les autres Européens, ont exploré et ouvert au cours des siècles.
L'indépendance politique du Québec, donc la sécession avec
le Canada, constituerait une rupture historique peu banale. Je pense que pour beaucoup
de Québécois, ce jeu n'en vaut pas vraiment la chandelle, compte tenu de
notre niveau de vie et de la qualité
d'organisation de notre société.
Je ne dis pas que cette majorité de Québécois a raison ou a
tort: je dis simplement qu'un certain attachement au Canada plus profond qu'on pense et dont les
nationalistes québécois se moquent à la moindre occasion, demeure vraisemblablement
plus fort que tous les arguments sécessionnistes avancés depuis la résurgence
moderne de ce mouvement à la fin des années 1950.
C'est cet attachement au pays Canada et ses
divers éléments qu'il faut étudier, car c'est celui qui, en définitive, a fait l'histoire du
Québec ET du Canada depuis les
soixante dernières années, et qui continue de la faire. J'y reviendrai.
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