Les révélations sur le passé pédéraste du
cinéaste sont apparues dans l'espace médiatique la fin de semaine dernière.
Hier, mercredi, tout était fini. Le gala changera de nom, de même que le prix
accordé aux meilleurs de nos cinéastes. Une petite mésentente subsiste sur la
date du gala, que d'aucuns souhaiteraient reporter de quelques mois, mais tous
s'entendent sur le sort réservé dans l'espace public à Claude Jutra. Les rues
et place publiques qui portaient son nom seront rebaptisées, et on passera à autre chose.
L'éclair
Enfin, la médiatisation était limitée.
Une révélation sur la préférence sexuelle de Jutra envers les jeunes garçons ne
se serait pas rendue dans les médias. À l'époque, les nouvelles « artistiques »
sur la vie des vedettes ou sur les spectacles n'étaient pas des nouvelles. On
préférait laisser cela à Écho-vedettes.
Aujourd'hui, en 2016, rien de cela n'existe
plus, heureusement. L'information est à la fois partout et instantanée. Les
médias sont omniprésents et multiformes. L'information se répand à la vitesse
de la lumière. Ce qui fait, en définitive, que le « procès » in absentia de
Claude Jutra et son lynchage ont lieu à la vitesse de l'éclair.
Un
réel progrès
À mon âge vénérable (71 ans), on pourrait
croire que je regrette l'ancien temps de l'information. Il m'arrive certes de déplorer
du travail journalistique bâclé, ou de regretter que des journalistes,
manifestement, n'aient pas eu le temps de fouiller davantage leurs histoires. Qui bene amat, bene castigat… Qui aime
bien châtie bien, disaient les anciens Romains.
Cela dit, je me réjouis grandement des progrès que
l'affaire Jutra met en relief. D'abord, cette affaire nous dit que l'information
est plus libre qu'il y a 40 ans, quand j'étais journaliste. Elle est plus libre
et elle circule plus librement, grâce, notamment, à Internet et à la
multiplication des plateformes de diffusion.
Deuxièmement, si nous avons connu une
libéralisation des mœurs depuis 50 ans, il demeure que le comportement de Claude
Jutra durant sa vie a fait l'objet d'une condamnation générale, au point que
les hommes et femmes politiques n'ont pas procrastiné avant d'annoncer les
changements que la situation exigeait. Le public ne l'aurait pas toléré.
Enfin, cet épisode démontre que dans notre
société, nous sommes encore capables d'une forte indignation collective face à
des comportements immoraux ou amoraux dont notamment les enfants sont les
victimes.
Si on ajoute à cela l'émoi créé récemment par
l'exploitation sexuelle des jeune fugueuses, on doit se réjouir de voir que
notre société demeure saine. Voilà qui fait un bien immense.__________________________________
Image : Cinémathèque québécoise
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