Dans la triste saga du Collège de Maisonneuve, il y a un
élément qui est troublant. L’an dernier, lors des démêlées qui ont mené à
l’annulation du bail consenti à Adil Charkaoui, l’imam et prédicateur autoproclamé, jamais on n’a vu ou entendu le directeur général
du Collège prendre la parole devant les caméras et les micros pour expliquer ce
qui se passait, pour énoncer les positions de l’institution. Le travail a été
confié à une directrice des communications, excellente par ailleurs. Cette
année, en 2016, la polémique reprend au Collège de Maisonneuve. Encore une
fois, c’est la directrice des affaires corporatives qui affronte les médias et
répond à leurs questions, de façon compétente.
Cependant, tous les professionnels de la communication vous
le diront, en matière de gestion de crise, vient un moment où c’est le « patron » qui doit
s’exprimer, exposer la position de la maison et ce, pour des raisons reliées
tout autant aux besoins de la communication interne que de la communication
externe.
L’engagement du grand patron donne, pour le public, y inclus
pour les parents des étudiants et étudiantes, un visage à l’institution.
L’image du patron est aussi un outil de ralliement interne pour les employés du
Collège. Ces besoins en communication requièrent plus que le travail d’un ou
d’une porte-parole, quelle que soit sa compétence par ailleurs.
Ce matin, le communiqué du Collège de Maisonneuve, repris
par les médias, ne parlait que de la « direction » du collège (voir http://www.cmaisonneuve.qc.ca/la-direction-du-college-de-maisonneuve-retablit-les-faits/).
Nulle part, le communiqué référait au directeur général de cette institution.
Voilà qui est étrange. Plus encore, sur le site web du collège, il n’y a aucune
information sur la direction.
Bref, ce Collège n’est dirigé par personne, et il s’exprime
par l’entremise d’une porte-parole. Jeune reporter en 1973, j’ai eu à couvrir
une contestation étudiante au Collège de Maisonneuve. C’est le directeur
général, le regretté Roland Arpin, qui m’avait accueilli et répondu à mes
questions. Bien sûr, o tempora o mores,
comme disaient les Romains. Autre temps, autre mœurs.
L’anonymat persistant du principal responsable du Collège de
Maisonneuve demeure troublant.
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Image : Courrier du Sud