Nous sommes au seuil d'une (autre) campagne électorale, qui sera décidée par la seule première ministre Pauline Marois. Sans qu'on s'en émeuve, elle va commettre un abus de pouvoir, et la plante verte, qu'on appelle aussi notre lieutenant-gouverneur, va obtempérer obséquieusement à la demande de Madame Marois de dissoudre le Parlement.
Madame Marois va faire cela sans tenir compte de la Loi sur les élections à date fixe adoptée par son gouvernement il n'y a pas deux ans. Et elle va le faire impunément: la loi sur les élections à date fixe ne comporte aucune sanction pour quiconque la violerait. Cette loi ne vaut donc pas le papier sur lequel elle est imprimée, et elle demeure un voeu pieux hypocrite.
Si cette loi prévoyait l'inhabilité à siéger durant deux mandats successifs pour tout parlementaire qui la violerait de façon délibérée - je vise ici la personne qui est premier ministre, on pourrait la prendre au sérieux. Mais non, cette loi, c'est de la poudre aux yeux politicienne du plus bas étage.
Si notre lieutenant-gouverneur se redécouvrait une colonne vertébrale et ayant reçu la démission du gouvernement minoritaire de Madame Marois, il décidait, comme le prévoit la constitution et les usages parlementaires, d'offrir au chef du deuxième parti comptant le plus grand nombre de députés, de tenter de former à son tour un gouvernement, nous épargnerions les dizaines de millions de dollars que coûtera l'élection hâtive qui s'en vient.
Cette solution n'est pas très excitante pour les médias et pour l'industrie de l'information instantanée, mais elle générerait moins de cynisme populaire additionnel envers toute la classe politique. Il est temps de songer à reconstruire petit à petit le respect perdu des citoyens pour les hommes et femmes politiques et pour les institutions qui les gouvernent. Pour cela, il n'y a pas de petits gestes.
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samedi 22 février 2014
lundi 3 février 2014
QUÉBEC : DES DISSONANCES…
Depuis 2008,
la Ville de Québec, stimulée par le succès des fêtes de son 400 ème
anniversaire de fondation et l'enthousiasme de son nouveau maire, a vécu dans
une climat positif et joyeux presque constant. Il y a bien eu quelques esprits
chagrins (dont le mien) pour critiquer la mentalité de "du pain et des
jeux" de ce climat, mais il reste que notre ville, avec le plein emploi,
une succession d'événements plutôt spectaculaires et la venue régulières de grandes
vedettes internationales sur ses Plaines, a projeté depuis une image plus
dynamique, plus festive, disons-le, plus jeune.
Cependant,
certains indices laissent croire que cette façade commence à craquer, que l'élan
des festivités s'essouffle, que la fête achève, que l'humeur change. Chaque indice, pris isolément,
n'est pas dramatique, mais ensemble, ils créent un tableau moins positif et
harmonieux de notre ville. Quels indices ?
Un
Festival d'été essoufflé ?
Personne ne
l'a crié sur les toits, mais la venue de Céline Dion et de Paul McCartney sur
les Plaines d'Abraham l'été dernier n'a pas été le succès bœuf espéré. Dans les
deux occasions, les spectateurs n'ont pas rempli les Plaines, malgré qu'à la
dernière minute les organisateurs aient littéralement donné les billets
d'admission. Fatigue du public ? Sentiment de déjà vu, cinq ans seulement après
leur visite de 2008 ? Les motifs de cette relative désaffection du public sont
sûrement nombreux, mais désaffection il y a bel et bien eu. On nous promet Lady
Gaga pour 2014. Disons que comme élément de rassemblement d'un public large et
diversifié sur les Plaines, on a vu mieux, nettement mieux.
L'usure
du temps
Autre
indice, l'année 2013 a marqué la dernière présence du Moulin à images et du Cirque
du soleil gratuits. Ces spectacles, maintenus par un engagement financier
sérieux de la ville depuis 2009, sont terminés. À la fin, le Moulin projetait ses images devant des
quais à peu près déserts, et le Cirque du
Soleil, déménagé à l'Agora du Vieux Port, n'a plus eu le succès escompté,
même si à l'Agora du Vieux Port il a connu un peu plus de succès que sous les bretelles
de l'autoroute. Là aussi, on peut évoquer une certaine fatigue visuelle et
l'usure du temps pour expliquer la baisse de popularité de ces présentations.
Ajoutons à cette nomenclature la disparition annoncée du Festival international des musiques militaires, en raison de la
disparition de la subvention annuelle du gouvernement fédéral et la fin proche
du contrat du "Red Bull Crashed Ice",
appellation hideuse d'événement s'il en est. L'été de 2014 sera plutôt
tranquille, surtout si on le compare aux étés "buzzés" depuis 2008…
Le
Concorde et "les vieux"
Un autre indice
s'est ajouté à cette fin d'époque : la fermeture de l'Hôtel Loews Le Concorde.
Cet hôtel est un établissement hôtelier majeur situé à un emplacement
stratégique de la ville, et sa forme architecturale unique fait partie du
paysage urbain de Québec depuis maintes décennies. On ne parle pas ici d'un
motel de banlieue. Il fallait que les affaires ne soient plus très bonnes pour que
les propriétaires décident de le fermer plutôt que de le rénover.
Sa possible
transformation en résidence pour personnes âgées autonomes a suscité une querelle
plutôt hideuse dans la ville de Québec, où des tenanciers de bars à la mode
sont montés aux barricades pour s'opposer à la venue de quelques centaines de
résidents âgés à côté ou devant leurs établissements de boisson. Cette querelle
se poursuit toujours en sourdine, et le maire, toujours prompt à se mettre un
pied de plus dans la bouche, a cette fois fait sagement preuve d'une grande
prudence tant ce débat touche à des valeurs sociétales fondamentales. Disons-le
carrément : la fermeture du Concorde est un événement déprimant pour toute
notre communauté urbaine.
Les
"mamelons" d'Arrimage Québec
Autre incident,
qui touche lui aussi à l'image de la ville et qui affecte l'humeur du temps. La
compagnie Arrimage Québec, déjà renommée
pour sa poussière de zinc sur Limoilou, a décidé d'ériger deux énormes silos de
45 m de hauteur le long du fleuve pour faciliter le transbordement et
l'exportation de particules de bois. Malgré les protestations, l'entreprise est
allée de l'avant (le premier silo - énorme - est déjà érigé et les travaux vont
bon train pour le second), et a envoyé promener tous les opposants. Le maire,
saisi de l'affaire, a eu une réaction molle sans lendemain, et la population
est maintenant placée devant un fait accompli. Que vaut l'opinion publique
contre des entrepreneurs décidés, dont la plupart sont de bonnes connaissances
de notre premier magistrat ? Bien peu de chose…
Le
patrimoine urbain
Sur un autre
plan, voilà aussi que le ministre de la "Culture", Maka Kotto, aurait
reçu, selon le quotidien Le Soleil, un
avis défavorable du Conseil du patrimoine culturel à propos du projet de condos
dans le boisé Woodfield des terres patrimoniales de Sillery, et qu'il semble
l'avoir ignoré. La Ville de Québec rejetait pourtant le projet de Bilodeau Immobilier afin de préserver
intact le boisé près du cimetière Saint-Patrick à Sillery. Mais le ministre de
la Culture a donné son feu vert au projet, estimant que le promoteur s'était
suffisamment engagé à préserver le boisé. Les défenseurs du patrimoine sont
outrés, mais il semble bien que le projet ira malheureusement de l'avant.
Fin
de la fête
Encore une fois, chacun de ces indices n'est
pas, en soi, dramatique. Mais leur accumulation en relativement peu de temps
crée un climat plus morose que festif. Bien sûr, il
est possible que notre maire, davantage promoteur que visionnaire, ait une conception
stimulante du développement à long terme de notre belle cité, même si pour
l'heure on n'en voit pas les signes. En outre, il
est peu loquace sur le vrai moteur du développement économique de la ville: les
centres de recherches, l'université, les technologies nouvelles, etc., qui créent
des emplois de haut calibre jour après jour, mais sans l'éclairage des vedettes
de passage.
Rien de tout cela ne mine les immenses avantages de vivre à Québec.
Mais notre ville devra peut-être réapprendre a accepter d'être ce qu'elle est,
et non pas à toujours vouloir plus, meilleure et plus grosse que les autres, et
à accumuler sans vision toutes sortes d'événements pour le plaisir de faire
vibrer le bon peuple. Personne ne peut vivre "sur le party" en
permanence. Il est temps que nous le réalisions à Québec.
Il y a de plus en
plus de dissonances dans le concert de notre ville.
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Image du Concorde: Radio-Canada
Image du Concorde: Radio-Canada
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