Les travaux de construction et de la mise en service du REM (Réseau électrique métropolitain) à Montréal vont bon train, sans jeu de mots. En bien des endroits, ils font toutefois grincer des dents pour diverses raisons : bruit, encombrements à la circulation, mise hors service du tunnel du Mont-Royal pour au moins deux ans, impacts nocifs sur les trains de banlieues existants, etc.
Voilà, de plus, que nos autorités ont annoncé un « nouveau » REM, une Phase 2, qui se rendra vers Montréal-Nord et vers Pointe-aux-Trembles. Ce REM2, succédané de la ligne rose si chère à Valérie Plante, devrait sortir de terre au centre-ville sur le boulevard René-Lévesque pour se diriger en mode aérien vers l'est empruntant, outre René-Lévesque, la rue Notre Dame jusqu’à Dixon (Lacordaire) où la ligne se scindera en deux destinations, le cégep Marie-Victorin à Montréal-Nord, et Pointe-aux-Trembles, dans l’extrême-est de la métropole.
Comprenez-moi bien : tout le
monde est en faveur de la construction du REM, notamment de sa première phase
au coût de six milliards et demi fournis par la Caisse de dépôt et placement du
Québec, et même du second projet évalué à dix milliards. Indubitablement,
personne ne veut vraiment de pépine dans sa cour. Ça, ce n’est pas nouveau. Comme disait la chanson de Petula Clark, tout
le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir…
Tous les trains du REM, à compter
de 2023 et pour le REM2 du Nord-Est à compter de 2029, passeront donc par la Gare centrale
de Montréal. C’est pour cela que le tunnel du Mont-Royal est fermé depuis 2020.
Le tunnel du Mont-Royal deviendra, au terme des travaux, l’épine dorsale du
réseau du REM. Je pourrais ajouter que la Gare centrale sera la moelle épinière de cette
épine dorsale.
Une seule gare, est-ce suffisant ?
Les trains du REM seront automatisés : pas de conducteurs. C’est faire beaucoup confiance aux nouvelles technologies de l’information et la Gare centrale risque fort de connaître de la congestion ferroviaire. Pour y entrer venant de la Rive-Sud, seulement six voies sont disponibles.
Une deuxième gare ferroviaire à Montréal ?
Depuis le lancement du REM, il y a une évidence qui devrait nous préoccuper. À Montréal, il n'y a qu'une seule gare ferroviaire pour les voyageurs, soit la Gare centrale. En plus des réseaux de transport ferroviaire de passagers existants, voilà qu'on va y ajouter le REM avec des trains aux deux minutes et demie en périodes de pointe.
Pas besoin d’être un devin pour voir que la Gare centrale ne suffira probablement pas à la tâche et qu’éventuellement elle deviendra un sérieux nœud d'engorgement lorsque tous les projets seront terminés. Un simple bris mécanique et la gare sera vite encombrée. Le débat au sujet de la portion aérienne du REM 2e phase sur René-Lévesque sous prétexte de l’impossibilité de creuser davantage le sous-sol de Montréal au centre-ville vient déjà illustrer à sa façon ce problème.
Il est probablement temps de penser à créer une nouvelle gare
ferroviaire de passagers, et peut-être même deux gares. La gare Windsor, merci
aux Centre Bell, n'est plus vraiment une gare. La gare Bonaventure n'est plus
une gare non plus. Il serait illusoire de croire que ces anciennes gares
pourraient reprendre du service. Nos
décideurs devraient donc se pencher sérieusement sur une carte à grande échelle
du centre-ville et du port de Montréal. Peut-être y découvriraient-ils un
endroit où implanter une nouvelle gare.
Ainsi, en songeant à utiliser le port, est-ce pensable de faire passer
le REM Phase 2 par là au lieu du boulevard René-Lévesque en mode aérien ? Je
risque une idée : faire passer le REM Phase 2 de la Gare centrale vers la
Cité du Havre, puis lui faire emprunter le Pont de la Concorde jusqu’à l’île
Sainte-Hélène, puis le pont Jacques-Cartier et ensuite la rue Notre-Dame vers
l’est suivant le trajet prévu. Cette solution éviterait le REM2 en aérien au
centre-ville.
Alors que le rail reprend du poil de la bête (et c'est tant mieux), il
me semble qu'il faut penser en dehors des boîtes conventionnelles, notamment
chez les bureaucrates et politiciens de toutes sortes qui planchent sur ces
projets.
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