* Avec la collaboration de mes vieux complices de Québec, Normand Chatigny, Denys Larose et Jean-Noël Tremblay.
Il est temps de remettre les pendules à l’heure. Nous ne
sommes pas issus ou membres d’un lobby subventionné cherchant à enfoncer – sans
référendum – l’idée de la représentation proportionnelle à l’Assemblée
nationale. Nous ne sommes que des citoyens attentifs aux débats de notre
société et soucieux de l’intérêt supérieur de notre société.
Dans un très intéressant texte
du politologue Christian Dufour publié dans la Presse +, ce dernier taille
en pièce avec raison et habileté le projet de Jean-Pierre Charbonneau qui
voudrait 75 députés élus et 50 députés choisis par les partis au prorata des
votes populaires exprimés. Ainsi, rappelle Dufour, on pourrait avoir des
ministres parmi les députés choisis par les partis, bref des ministres non élus
par la population. Dans le passé, des premiers ministres ont tenté de nommer
des ministres qui n’étaient pas députés. Ça s’est fait à Québec autant qu’à
Ottawa. Dans tous les cas, quand il y a eu une élection complémentaire pour
élire le ministre, il a été battu. Le peuple avait parlé.
La proportionnelle telle que promue par Jean-Pierre
Charbonneau et son groupe, c’est la garantie de gouvernements inefficaces et
incapables de gouverner pour le bien commun le plus large. Le Québec du 21e
siècle n’a pas besoin de pareille « réforme » qui n’en serait pas une au profit
de la vraie démocratie. À tout événement, toute réforme de cette nature devra
être soumise à un référendum comme il y en a eu en Colombie britannique et à l'île
du Prince-Édouard.
Nous ne sommes pas dupes. Ce n’est pas pour rien que les
promoteurs de l’élection à la proportionnelle ne veulent surtout pas de
référendum. Ils savent très bien que le peuple n’en voudra pas.
Une majorité absolue
Un des reproches adressés au système actuel, c’est que des
partis ayant remporté une nette majorité de sièges, n’ont pas une nette
majorité des voix. C’est vrai et cela se constate à presque toutes les
élections. Il y a pourtant un moyen simple pour corriger un tant soit peu cette
situation. Il s’agit d’offrir aux électeurs la chance de donner 50 % plus une
de leurs voix à un ou à une députée.
Le principe est simple. Une première élection générale est
déclenchée aux quatre ans, conformément à la loi. Sauf de très rares
exceptions, la très grande majorité des députés dans chaque comté n’aura pas la
majorité absolue des voix exprimées, pas même le gagnant dans le comté,
c’est-à-dire celui qui a eu le plus de voix.
Ce que nous proposons, c’est que cette première élection
(durée : quatre semaines) soit suivie, quinze jours plus tard, d’une
seconde élection où ne seront en lice que les deux candidats ayant obtenu le
plus de voix au premier tour. Le résultat de ce second tour ferait en sorte que
tous les députés élus le seraient avec la majorité absolue des voix exprimées.
Cela se fait déjà pour la présidentielle française et pour l’élection des
députés français à l’Assemblée nationale française et ça fonctionne très bien.
De cette façon, si on adoptait cette procédure électorale, tous
les députés de l’Assemblée nationale du Québec seraient légitimement élus
avec une majorité absolue des voix exprimées. Il faudrait être de bien
mauvaise foi pour nier cette légitimité.
Enfin, à ceux qui affirment, inspirés sans doute par
Jean-Pierre Charbonneau, que le système actuel ne permet pas l’émergence de
nouveaux partis, faut-il rappeler que depuis moins de cent ans, notre bon vieux
système uninominal à un tour a permis l’émergence de trois partis de
gouvernement, soit l’Union nationale en 1936, le Parti québécois en 1968 et la
Coalition Avenir Québec en 2011. Notre système fonctionne, et il fonctionne
assez bien. Il y a moyen de l’améliorer sans le saboter au nom d’intérêts plus
ou moins connus, et un de ces moyens, c’est l’introduction d’un second tour
pour permettre l’élection de députés jouissant d’une majorité absolue
d’électeurs dans leur comté.
De cette façon, la légitimité de tous les partis représentés
à l’Assemblée nationale n’en serait quel plus forte, sans avoir besoin de
députés ou de ministres non élus.
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