Cependant, il y a un facteur auquel le ministre de la santé, notre incontournable Gaétan Barette, n’a pas porté attention. Je parle ici des roulettes. C’est fou ce qu’il y a comme roulettes dans un hôpital, et des roulettes de toutes les tailles et de toutes les qualités, semble-t-il.
Que ce soient les poteaux à solutés, les chariots des technicien(ne)s en ECG, les chariots pour les repas, les roulettes des seaux pour le ménage, les roulettes des civières ou des lits, les petits chariots pour transporter des masses imposantes de documents ou de fichiers, tout roule, dans un hôpital. Quand le véhicule électrique circule en tirant un wagon rempli de linge, mieux vaut se tasser. Tout cela, me direz-vous, est bien normal, et je suis d’accord.
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Ce qui est moins normal, cependant, c’est le bruit. Je suis assez âgé pour me rappeler les panneaux de circulation demandant le « SILENCE SVP » autour des hôpitaux, il y a de cela plusieurs décennies. Aujourd’hui, c’est à l’intérieur des hôpitaux que règne le bruit. Une source importante de ce bruit, ce sont les damnées roulettes des innombrables objets en mouvement. Pour un seul ensemble de roulettes plutôt silencieux, vous en aurez neuf qui émettent du vacarme à des divers degrés de décibels.
Qui donc, dans l’immense bureaucratie ministérielle, a reçu
le mandat d’approuver non pas les nécessaires roulettes, mais le bruit ambiant
qu’elles génèrent ? Comment se fait-il que les administrations hospitalières ne
fassent rien pour limiter le plus possible le bruit ambiant, tant aux urgences
que sur les étages ? Ce bruit presque constant est contraire au calme et au
repos qui devrait être la norme dans nos hôpitaux.
Dans certains cas, j’ai constaté que certains chariots
s’approchant de là où j’étais étendu donnaient l’impression très nette qu’une
rame de métro me passerait devant, tant le bruit était semblable. Dans d’autres
cas, je me pensais chez un ferrailleur : il s’agissait d’une préposée
tirant et poussant plusieurs poteaux de solutés. Ou encore, j’ai davantage
entendu que vu des chariots construits en grilles de métal, un peu comme des
paniers d’épicerie, être trimbalés à gauche et à droite. Quand ils sont pleins,
ça peut aller. Mais quand ils sont vides, vous serez réveillés, que vous le
vouliez ou non. Le bruit de ces chariots est difficile à supporter, comme si
quelqu’un faisait grincer ses ongles sur un tableau.
Certains me diront que c’est le prix de la modernité et
qu’on n’est plus à l’époque des panneaux demandant le « SILENCE »
autour des hôpitaux.
De fait, je crois sincèrement que ces panneaux devraient
être partout à l’intérieur des hôpitaux,
car trop de gens, le personnel de la santé comme les visiteurs, oublient qu’ils
sont dans un environnement qui doit favoriser le calme pour tout mettre en
œuvre afin que les malades guérissent. Il y a autre chose.
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Quand les services d’approvisionnement de nos hôpitaux
achètent du matériel mobile, font-ils un effort pour vérifier si les roulettes
de ce matériel sont suffisamment silencieuses ? Essaient-ils au moins de
s’assurer que tous ces chariots n’ajouteront pas aux bruits ambiants déjà présents
? Permettez-moi d’en douter. À voir l’indifférence générale à l’égard du bruit
dans les établissements hospitaliers, j’ai le sentiment qu’à cet égard, on a
lancé la serviette et qu’on est passé à d’autre choses.
Alors, Monsieur Barrette, est-ce que ce problème est digne
de votre attention ? Enfin, sous peu, je reviendrai sur cette autre calamité
dans les hôpitaux que sont les téléphones cellulaires.