Hier avaient lieu à l'église
Notre-Dame-des-Neiges à Montréal les funérailles de l'abbé Charles Caron, décédé
plus tôt ce mois-ci à l'âge de 84 ans. J'en parle parce qu'en 1963-1964, il
fût mon professeur de philosophie au Collège Saint-Paul, établissement qui est
devenu aujourd'hui le Cégep Bois-de-Boulogne.
J'avais fait antérieurement la connaissance
de l'abbé Caron au camp de vacances Les Grèves, à Contrecœur. Dans le contexte
du collège et de l'époque, cependant, la mode n'était pas au tutoiement de nos
professeurs. En outre, l'attitude réservée de l'abbé Caron éloignait promptement
toute tentation de familiarité déplacée avec ce grand ecclésiastique maigre
comme un clou.
Ce prêtre consciencieux était un bon professeur. À notre
endroit, il était exigeant, strict même. Mais nous savions instinctivement
qu'il devait être tout aussi exigeant avec lui-même.
Avec mes confrères de classe en Philo un,
l'abbé Caron m'a initié à la philosophie. Il était un aristotélicien et son
enseignement n'était pas vraiment religieux. Il aimait pratiquer l'art de la question,
du genre de question qui vous pousse à raisonner le mieux possible. Car le
mérite d'étudier la philosophie, c'est qu'elle nous aide à penser, à réfléchir
aux grandes questions de l'humanité qui sont aussi les questions de chacun.
Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où
allons-nous ? Évidemment, on ne passe pas ses journées à angoisser sur ces
sujets. Mais périodiquement dans notre existence, ces question, ces
interrogations refont surface. Nous n'avons pas et nous n'aurons jamais de réponses
parfaites et complètes à ces questions existentielles.
Mais si
chacun de nous a pu ou a su s'ouvrir l'esprit et la raison, c'est grâce à
des professeurs comme l'abbé Charles Caron. L'avis de décès note que l'abbé
Caron fût professeur de philosophie pendant plusieurs années au Collège
André-Grasset. Dommage qu'il n'ait pas précisé qu'il avait aussi enseigné la philosophie au Collège Saint-Paul.
Cher Charles Caron, merci, et reposez en
paix.
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