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D’abord, il y a
eu la radio, et surtout la télévision
qui ont modifié les habitudes de vie de nos parents ; la télévision est devenu
la vraie reine du foyer et a remplacé la danse, les parties de cartes, les
discussions en famille, le chapelet en famille, etc. La télévision a contribué
puissamment à tuer le dialogue.
Puis, les nouvelles technologies sont
arrivées et celles-ci, maintenant, régulent et mènent nos vies. Très peu de nos
actions quotidiennes sont effectuées sans le recours à ces technologies et à
Internet. Acheter un pain au dépanneur, vérifier la météo, payer une facture,
commander du poulet ou de la pizza, emprunter une hypothèque pour acheter une
maison, consulter les petites annonces,
réserver des billets pour un spectacle, lire un journal, tout cela et bien
davantage se fait grâce à Internet et à ses applications.
L'automobile est de plus en plus bourrée de toutes sortes
d'éléments informatiques et dans laquelle le jugement du conducteur sera de
plus en plus qu'un vague souvenir; automobile le mot le dit : auto et mobile;
c'est comme automatique dans transmission automatique; on fait de moins en
moins d'efforts, on pense de moins en moins, on est de plus en plus en pâmoison
devant toutes ces réussites technologiques, comme au temps
du Titanic. Tout pour nous rendre supposément la vie plus facile agréable.
On embarque les yeux fermés en chantant
« tout le monde le fait, fais le donc... »
S'il fallait que les technologies fassent défaut toutes ensemble, notre
société serait totalement paralysée. Plus un véhicule ne roulerait. Plus aucun
avion ne pourrait voler. Aucun guichet automatique ne pourrait vous fournir de
l'argent, et le dépôt des salaires ou des pensions directement dans votre
compte bancaire cesserait. Les cartes de crédit ou de débit deviendraient
d'inutiles morceaux de plastique. Les cellulaires comme les GPS deviendraient
inopérants et donc inutiles. Ordinateurs, tablettes, tableaux interactifs, tout
cela serait à jeter aux poubelles ou à la récupération. Fini les jeux vidéo ou
la télévision. Dans les hôpitaux, bien des malades maintenus en vie grâce aux
appareils de haute technologie décèderaient, tout comme ceux ou celles dont la
vie dépend d'un stimulateur cardiaque (pacemaker).
À force de succomber aux stratégies des vendeurs de technologie, nous
sommes donc devenus totalement dépendants de ces mêmes technologies. Notre
société, dorénavant, dépend d'elles pour son fonctionnement le plus ordinaire,
le plus banal. Cela devrait nous interpeler. Cela devrait même nous inquiéter.
Pourtant, on continue à se moquer de personnes plus âgées éprouvant de la
difficulté à manœuvrer avec les appareils technologiques quotidiens comme le
cellulaire ou le guichet automatique. On traite ces gens de dinosaures. Mais ce
faisant, les rieurs oublient que leur univers a les pieds bien fragiles, qu'il
est à la merci d'une panne prolongée d'électricité, voir d'une éruption solaire
un peu plus violente et apte à griller les milliards d'appareils de haute technologie
sur le globe.
***
Un autre aspect de cette question mérite d’être évoqué. L'évolution des nouvelles technologies
va beaucoup plus loin que le seul fait de changer nos habitudes de vie : elles
sont en soi des «systèmes de pensée» qui nous sont imposés. Pensez aux
algorithmes et à l'évolution de l'intelligence artificielle. En fait, on pense
à notre place, on prend des décisions à notre place sur des questions
fondamentales : la finance, la consommation, la sécurité, la gestion, etc.
Aujourd'hui, les analystes de Wall Street fondent leurs actions à partir de
décisions prises par des algorithmes.
Or, l'évolution
rapide des technologies de l'information, y compris le téléphone dit intelligent (Confusion: il n'est pas
intelligent, il est multifonctions), conditionne nos vies. C’est donc dire
que par leur convivialité, ces technologies développent dans nos rapports
à la vie, à la santé, à la maladie, etc., une dépendance qui contient une part
importante d'inadaptation.
Par exemple, Alain Deneault dans «Gouvernance,
le management totalitaire» souligne qu'il est possible aujourd'hui de
«dialoguer» avec des fous et des criminels simplement avec son téléphone ou sur
Facebook, etc. C’est donc à la portée de n'importe quelle entreprise
(politique, commerciale) «d'anesthésier quiconque est sujet à la dissonance
cognitive». Les nouvelles technologies contribuent fortement à la croissance
observée en plusieurs sociétés de l’individualisme, de l’égocentrisme au
détriment du collectif, de la solidarité et ultimement de la justice sociale.
On oublie trop facilement que le Titanic était réputé insubmersible.
Pourtant, il a fallu d'un seul iceberg mal placé pour que l'orgueilleux navire,
à l'époque à l'avant-garde de la technologie, se retrouve au fond de
l'Atlantique. Notre esclavage bien réel face aux technologies de l'information
et de la communication ne doit jamais nous faire oublier son inhérente
fragilité.
(Ce texte a été rédigé avec la collaboration de mes vieux complices Normand Chatigny, Denys Larose et Jean-Noël Tremblay, tous trois de Québec).
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